13 décembre 2020

Mon top 17 pour 2020

Comme beaucoup en ces temps de confinement, j’ai lu et relu.

J’ai aussi décidé d’écrire quelques notes de lecture à chaud — pour mieux me souvenir de chaque roman, essai, BD.

Voici donc les 17 livres que j’ai préférés, parmi mes 57 lectures de l’année 2020 (à ce jour). Pas que du polar et pas que des nouveautés. Tout cela reste totalement subjectif et lié au moment présent.

 

On notera :

— La présence à trois reprises de Mad Max dans mes commentaires.

— Les numéros 7, 39 et 43 sont ici grâce aux bons conseils de Norbert Spehner.

— Mon coup de cœur incontesté : Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier — la rencontre au sommet entre le roman noir et la littérature. Merci à ma sœur Martine pour cette recommandation.

 

1 — Dans la forêt, Jean Hegland, 1996, Gallmeister.

Une fable survivaliste superbe, parce que juste, poétique, naturaliste. Deux sœurs doivent survivre en pleine forêt du Dakota du Nord, alors que le monde collapse sans qu’on sache pourquoi. Elles doivent tout apprendre seules : l’amour, le jardinage, la nature, le doute et la peur. Publié 20 ans avant la vague récente de dystopies et de catastrophes. Original et puissant. ****

 

7 — La police des fleurs, des arbres et des forêts, Romain Puértolas, 2019, Albin Michel.

Un jeune inspecteur de police est envoyé dans le village de P. pour enquêter sur le meurtre de Joël, retrouvé en petits bouts dans des sacs. Un roman épistolaire situé en 1961. C’est vraiment bien mené, amusant, mais aussi passionnant. L’écriture plutôt légère sert le propos. Et la finale totalement inattendue m’a scotché. J’ai adoré. ****

 

9 — Payer la terre, Joe Sacco, 2020, Futuropolis.

BD-reportage fouillée, passionnante et belle, à la rencontre des premières nations des Territoires du Nord-Ouest canadiens. Je l’ai lue dans l’avion qui m’emmenait à Yellowknife. 264 pages essentielles pour apprendre et comprendre. ****

 

18 — La Route, Cormac Mc Carthy, 2006, L’Olivier.

Relecture confinée. Toujours aussi noir, terrible, puissant. ****

 

27 — Chien blanc, Romain Gary, 1970, Folio.

À Los Angeles, Gary découvre que son berger allemand a été dressé pour attaquer les Noirs. Un récit terrible : 1968, assassinat de Martin Luther King, Bobby Kennedy, Jean Seberg, les luttes contre le racisme. Sincère, cynique, désillusionné. ****

 

28 — Sapiens, une brève histoire de l’humanité, Yuval Noah Harari, 2015, Albin Michel.

Gros coup de cœur que je n’attendais pas. L’histoire de l’humanité. Passionnant, j’ai tellement appris. Simple, compréhensible, bien écrit, parfois drôle. ****

 

30 — Un océan de rouille, C. Robert Cargill, 2020, Albin Michel.

Un Mad Max sans humains, mais avec plein d’IA. Un monde de robots. Émotion, évolution. Fragile, une robot, raconte. Je l’ai recommandé en masse. ****

 

34 — Le Consentement, Vanessa Springora, 2020, Grasset.

Un livre qui se dévore, avec un sentiment de voyeurisme au début, puis l’écriture et les réflexions de l’autrice nous percutent. Un texte fort et courageux, essentiel, qui rétablit la place du consentement des ados. Et affronte l’hypocrisie criminelle des vieux cochons pédophiles. ****

 

35 — L’été circulaire, Marion Brunet, 2018, Albin Michel.

Un roman noir dans un milieu provincial français. On pense à Nicolas Mathieu (qui a suggéré le titre à l’autrice). Deux jeunes sœurs, l’une est enceinte à seize ans. Tension avec les parents, la petite vie, la violence ordinaire, l’envie de se barrer ailleurs. Très beau style, très senti, tendu, juste, émouvant. Un polar sans flics ni effets de manche, qui touche, émeut. On y croit, parce que c’est la vraie vie, sans flafla, sans filtre. Beaucoup aimé. ****

 

39 — Fin de siècle, Sébastien Gendron, 2020, Série Noire Gallimard.

Des mégalodons qui peuplent les océans et bouffent tout. Des riches autour de la Méditerranée protégée par des herses géantes. Écriture jouissive, ellipses et failles temporelles. Un immense plaisir de lecture. Du noir mâtiné de SF. ****

 

42 — Le Lièvre d’Amérique, Mireille Gagné, 2020, La Peuplade.

Une femme qui souffre d’hyperactivité. Une jeunesse sur l’Île aux Grues et la rencontre d’Eugène qui adore la nature et ses animaux. La femme subit une sorte de mutation. Courts chapitres qui racontent les trois niveaux d’histoire, avec une introduction sur les particularités du fameux lièvre d’Amérique. Écriture sensible, sentie. Parabole sur le monde moderne et notre rapport à la nature. Dévoré. Superbe. ****

 

43 — Je suis Pilgrim, Terry Hayes, 2012, JC Lattès.

Entre roman d’espionnage et polar, un récit haletant, passionnant, intelligent. À partir d’un meurtre mystérieux dans un hôtel de Manhattan, le personnage principal, agent très spécial américain, raconte son parcours jusqu’à cette aventure hors du commun. Pas trop mon genre d’histoire a priori, pourtant un scénario époustouflant (l’auteur est scénariste – Mad Max 2 entre autres — à Hollywood). Rebondissements incessants, trouvailles, méchants diaboliques et enjeu énorme à confronter. Du très gros calibre avec du suspense sur près de 650 pages et malgré tout de l’humanité sensible. On attend le film ! ****

 

44 — Chroniques d’une station-service, Alexandre Labruffe, 2019, Verticales.

Une sorte de journal poétique et loufoque d’un pompiste, écrit en fragments numérotés. Le quotidien, le rêve, les clients. Il tombe amoureux d’une Japonaise qui pratique l’hojojutsu. Il organise des expos photo dans sa station-service, regarde Mad Max à la télé, cite Baudrillard à répétition. Des gens laissent des livres codés pour d’autres… Très amusant, ironique, désinvolte. J’y ai aussi appris deux mots : durian et quasar. ****

 

50 — La vie d’artiste, Catherine Ocelot, 2018, Mécanique générale.

Une bande dessinée où Ocelot rencontre différents artistes pour discuter de leur existence. C’est original et drôle et bien senti. Ocelot se met en scène dans un personnage étrange et coloré. Relu et aimé encore davantage. ****

 

51 — Courir, Jean Echenoz, 2008, Minuit.

L’histoire d’Émile Zatopek, immense coureur tchèque, revue et racontée avec humour et style. Echenoz est ici à son meilleur, car il a quelque chose de fort à nous écrire, tout comme dans ses deux autres courtes bios de Ravel et Tesla. C’est à la fois passionnant, humoristique, satirique, admiratif et distancié. Un grand bonheur de relecture en temps de Covid. ****

 

52 — La petite dernière, Fatima Daas, 2020, Notabilia.

Une lecture qui vous happe. Magnifique écriture à la première personne, avec une accroche qui se répète, jamais tout à fait la même. J’avais peur de lire le témoignage d’une beurette un brin provocatrice. Pas du tout. C’est beau, juste et sincère. Ça nous ouvre un monde poignant. C’est complexe et simple à la fois. Je l’ai sûrement lu trop vite. Je vais y retourner. ****

 

53 — Histoires de la nuit, Laurent Mauvignier, 2020, Minuit.

Je ne voulais pas le lire à cause de ses 640 pages. Et puis, une critique dans Le Monde, une autre dans En attendant Nadeau, et ma sœur Martine qui m’en parle… J’ai plongé. Un roman noir magnifiquement écrit. Des phrases si longues, si belles, si accrocheuses. On vibre dans la tête de chacun.e, on tremble, on ne peut plus arrêter de lire. C’est terrible, si bien décrit, si puissant et humain. L’histoire de ce huis clos fonctionne à merveille, parce que juste et étouffante, jusqu’à la fin. Mon coup de cœur de la pandémie. On voudrait relire chaque interminable phrase pour ne rien oublier. Bravo ! *****