Comme
beaucoup en ces temps de confinement, j’ai lu et relu.
J’ai
aussi décidé d’écrire quelques notes de lecture à chaud — pour mieux me
souvenir de chaque roman, essai, BD.
Voici
donc les 17 livres que j’ai préférés, parmi mes 57 lectures de l’année 2020 (à ce jour).
Pas que du polar et pas que des nouveautés. Tout cela reste totalement
subjectif et lié au moment présent.
On
notera :
—
La présence à trois reprises de Mad Max
dans mes commentaires.
—
Les numéros 7, 39 et 43 sont ici grâce aux bons conseils de Norbert
Spehner.
—
Mon coup de cœur incontesté : Histoires
de la nuit de Laurent Mauvignier — la rencontre au sommet entre le roman
noir et la littérature. Merci à ma sœur Martine pour cette recommandation.
1 — Dans
la forêt,
Jean Hegland, 1996, Gallmeister.
Une
fable survivaliste superbe, parce que juste, poétique, naturaliste. Deux sœurs
doivent survivre en pleine forêt du Dakota du Nord, alors que le monde collapse
sans qu’on sache pourquoi. Elles doivent tout apprendre seules : l’amour,
le jardinage, la nature, le doute et la peur. Publié 20 ans avant la vague
récente de dystopies et de catastrophes. Original et puissant. ****
7 — La police
des fleurs, des arbres et des forêts, Romain Puértolas, 2019, Albin
Michel.
Un
jeune inspecteur de police est envoyé dans le village de P. pour enquêter sur
le meurtre de Joël, retrouvé en petits bouts dans des sacs. Un roman
épistolaire situé en 1961. C’est vraiment bien mené, amusant, mais aussi
passionnant. L’écriture plutôt légère sert le propos. Et la finale totalement
inattendue m’a scotché. J’ai adoré. ****
9 — Payer la terre, Joe Sacco,
2020, Futuropolis.
BD-reportage fouillée, passionnante et belle, à la rencontre des premières nations des
Territoires du Nord-Ouest canadiens. Je l’ai lue dans l’avion qui m’emmenait
à Yellowknife. 264 pages essentielles pour apprendre et comprendre. ****
18 — La Route, Cormac Mc Carthy,
2006, L’Olivier.
Relecture
confinée. Toujours aussi noir, terrible, puissant. ****
27 — Chien
blanc,
Romain Gary, 1970, Folio.
À
Los Angeles, Gary découvre que son berger allemand a été dressé pour attaquer
les Noirs. Un récit terrible : 1968, assassinat de Martin Luther King,
Bobby Kennedy, Jean Seberg, les luttes contre le racisme. Sincère, cynique,
désillusionné. ****
28 — Sapiens,
une brève histoire de l’humanité, Yuval Noah Harari, 2015, Albin Michel.
Gros
coup de cœur que je n’attendais pas. L’histoire de l’humanité. Passionnant,
j’ai tellement appris. Simple, compréhensible, bien écrit, parfois drôle. ****
30 — Un
océan de rouille, C. Robert Cargill, 2020, Albin Michel.
Un
Mad Max sans humains, mais avec plein d’IA. Un monde de robots. Émotion,
évolution. Fragile, une robot, raconte. Je l’ai recommandé en masse. ****
34 — Le
Consentement, Vanessa Springora, 2020, Grasset.
Un
livre qui se dévore, avec un sentiment de voyeurisme au début, puis l’écriture et
les réflexions de l’autrice nous percutent. Un texte fort et courageux,
essentiel, qui rétablit la place du consentement des ados. Et affronte
l’hypocrisie criminelle des vieux cochons pédophiles. ****
35 — L’été
circulaire, Marion Brunet, 2018, Albin Michel.
Un
roman noir dans un milieu provincial français. On pense à Nicolas Mathieu (qui
a suggéré le titre à l’autrice). Deux jeunes sœurs, l’une est enceinte à seize
ans. Tension avec les parents, la petite vie, la violence ordinaire, l’envie de
se barrer ailleurs. Très beau style, très senti, tendu, juste, émouvant. Un
polar sans flics ni effets de manche, qui touche, émeut. On y croit, parce que
c’est la vraie vie, sans flafla, sans filtre. Beaucoup aimé. ****
39 — Fin
de siècle, Sébastien Gendron, 2020, Série Noire Gallimard.
Des
mégalodons qui peuplent les océans et bouffent tout. Des riches autour de la
Méditerranée protégée par des herses géantes. Écriture jouissive, ellipses et
failles temporelles. Un immense plaisir de lecture. Du noir mâtiné de SF. ****
42 — Le
Lièvre d’Amérique, Mireille Gagné, 2020, La Peuplade.
Une
femme qui souffre d’hyperactivité. Une jeunesse sur l’Île aux Grues et la
rencontre d’Eugène qui adore la nature et ses animaux. La femme subit une sorte
de mutation. Courts chapitres qui racontent les trois niveaux d’histoire, avec
une introduction sur les particularités du fameux lièvre d’Amérique. Écriture
sensible, sentie. Parabole sur le monde moderne et notre rapport à la nature.
Dévoré. Superbe. ****
43 — Je
suis Pilgrim, Terry Hayes, 2012, JC Lattès.
Entre
roman d’espionnage et polar, un récit haletant, passionnant, intelligent. À
partir d’un meurtre mystérieux dans un hôtel de Manhattan, le personnage
principal, agent très spécial américain, raconte son parcours jusqu’à cette
aventure hors du commun. Pas trop mon genre d’histoire a priori, pourtant un
scénario époustouflant (l’auteur est scénariste – Mad Max 2 entre autres — à Hollywood). Rebondissements incessants,
trouvailles, méchants diaboliques et enjeu énorme à confronter. Du très gros
calibre avec du suspense sur près de 650 pages et malgré tout de l’humanité
sensible. On attend le film ! ****
44 — Chroniques
d’une station-service, Alexandre Labruffe, 2019, Verticales.
Une
sorte de journal poétique et loufoque d’un pompiste, écrit en fragments
numérotés. Le quotidien, le rêve, les clients. Il tombe amoureux d’une Japonaise
qui pratique l’hojojutsu. Il organise des expos photo dans sa station-service,
regarde Mad Max à la télé, cite
Baudrillard à répétition. Des gens laissent des livres codés pour d’autres…
Très amusant, ironique, désinvolte. J’y ai aussi appris deux mots : durian
et quasar. ****
50 — La
vie d’artiste, Catherine Ocelot, 2018, Mécanique générale.
Une
bande dessinée où Ocelot rencontre différents artistes pour discuter de leur
existence. C’est original et drôle et bien senti. Ocelot se met en scène dans
un personnage étrange et coloré. Relu et aimé encore davantage. ****
51 — Courir, Jean Echenoz, 2008,
Minuit.
L’histoire
d’Émile Zatopek, immense coureur tchèque, revue et racontée avec humour et
style. Echenoz est ici à son meilleur, car il a quelque chose de fort à nous
écrire, tout comme dans ses deux autres courtes bios de Ravel et Tesla. C’est à
la fois passionnant, humoristique, satirique, admiratif et distancié. Un grand
bonheur de relecture en temps de Covid. ****
52 — La
petite dernière, Fatima Daas, 2020, Notabilia.
Une
lecture qui vous happe. Magnifique écriture à la première personne, avec une
accroche qui se répète, jamais tout à fait la même. J’avais peur de lire le
témoignage d’une beurette un brin provocatrice. Pas du tout. C’est beau, juste
et sincère. Ça nous ouvre un monde poignant. C’est complexe et simple à la
fois. Je l’ai sûrement lu trop vite. Je vais y retourner. ****
53 — Histoires
de la nuit, Laurent Mauvignier, 2020, Minuit.
Je
ne voulais pas le lire à cause de ses 640 pages. Et puis, une critique dans Le Monde, une autre dans En attendant Nadeau, et ma sœur Martine
qui m’en parle… J’ai plongé. Un roman noir magnifiquement écrit. Des phrases si
longues, si belles, si accrocheuses. On vibre dans la tête de chacun.e, on
tremble, on ne peut plus arrêter de lire. C’est terrible, si bien décrit, si
puissant et humain. L’histoire de ce huis clos fonctionne à merveille, parce
que juste et étouffante, jusqu’à la fin. Mon coup de cœur de la pandémie. On
voudrait relire chaque interminable phrase pour ne rien oublier. Bravo !
*****