Lundi dernier, nous étions quatre écrivains
dans un restaurant d’Ottawa,
réunis là pour préparer un projet d’ateliers d’écriture en
Ontario. Nous étions deux d’origine
française, arrivés au Québec depuis 22 ans pour moi et 43 pour mon collègue. La
question des attentats à Charlie Hebdo s’est bien sûr présentée, posée par un écrivain franco-ontarien. Il
voulait savoir si nous étions touchés, nous qui étions partis depuis si
longtemps. J’ai raconté que
depuis la nouvelle, j’étais
bouleversé. J’ai grandi
avec Charlie Hebdo. Je l’ai beaucoup
lu. J’ai énormément ri
grâce à lui, mais j’ai aussi
beaucoup appris. Savoir que deux imbéciles ont tué Cabu et Wolinsky m’a donné envie de chialer. Ces dessinateurs
étaient des génies. En racontant mon trouble, je me suis rendu compte à quel
point Charlie Hebdo appartenait à ma culture, combien il faisait partie de la
culture française. C’est cela
qui a été assassiné. Le droit à la déconnade, au sarcasme, à la rigolade, à l’humour forcené, dessiné avec talent et
culot. A côté de
moi, mon ami français pleurait à chaudes larmes.
J’habite dans un Québec
que j’adore et je regarde
la France de loin, sans vouloir retourner y vivre. Mais les manifestations de
dimanche m’ont réconcilié avec
mon pays d’origine.
Nous sommes sortis du restaurant et nous avons
parlé d’autre chose.
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