L’eau monte.
L’inondation se propage. Montréal a décrété l’état d’urgence.
Le phénomène en
cours au Québec ce printemps est maintenant officiellement relié aux changements climatiques. Ben oui !
En 2013, je
publiais Les Voleurs de mémoire à La Courte échelle - un roman
d’anticipation qui se déroule au Québec. J’imaginais un réchauffement climatique
rapide et brutal à partir de 2027, avec les conséquences qu’on imagine :
fonte des glaces, inondations, etc. Bien sûr, ma prévision semblait aller bien
trop vite, Montréal étant rapidement submergée.
Mais la réalité nous
rattrape aujourd’hui.
Lorsque je
présente ce livre en classe, j’explique que je me suis inspiré de l’évolution
en cours pour imaginer ce futur, en grossissant le trait. Il s’agit de
science-fiction. Je présente des captures d’écran de journaux où 2014 s’annonce comme l’année la plus chaude
jamais enregistrée, puis c’est pareil en 2015, 2016… Les élèves rient. Je
leur explique alors qu’il n’y avait là rien de drôle, bien au contraire.
Je me demande ce
qu’ils me diront l’an prochain si je refais ma présentation. Les récents mouvements
de protestation des jeunes sont rassurants dans un sens. Les très nombreuses
réactions outrées à la question d’examen du Ministère : «Peut-on s’adapter
aux changements climatiques ?» sont rassurantes. La prise de conscience
paraît effective. Les jeunes n’ont plus le choix. C’est leur destin qui se joue
aujourd’hui.
Personne ne peut
prédire l’avenir, mais on peut sûrement encore limiter les dégâts.
Extrait de Les
voleurs de mémoire
À partir de 2027, le thermomètre avait peu à
peu grimpé, au début d’un dixième de degré par mois, puis ça c’était emballé.
En 2031, la glace avait commencé à fondre, créant des torrents d’eau froide,
inondant les parties les plus basses du territoire. Des quartiers, des villages
et même des villes entières avaient été ensevelis. La population avait dû
quitter l’ancienne vallée du Saint-Laurent pour se réfugier en altitude.
Montréal avait disparu sous un lac de trente
mètres de profondeur. La chaleur empirait sans cesse. Le climat bascula de
l’hiver permanent à l’été perpétuel, jusqu’à tout dessécher, tout évaporer. Le
vent s’en était mêlé et le Québec ressemblait désormais à un immense désert de
sable et de terre craquelée. Une gigantesque vallée de la mort où subsistaient
des poches d’habitants blottis dans leurs ziglous réfrigérés, sortant la nuit,
fuyant les rayons meurtriers du soleil. L’eau, autrefois en abondance, était
devenue aussi rare que le pétrole au début des années 2030.
Une fois de plus, les Québécois s’étaient
adaptés. Ils s’habituaient à tout depuis des siècles, ils n’avaient pas le
choix.
…
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