10 octobre 2011

C’est Enid Blyton qu’on assassine

Sur son blogue, Stanley Péan posait en juillet la question de la pertinence d’une réécriture du Nom de la rose, par Umberto Eco lui-même. Je lui avais répondu ainsi :

« Umberto Ecco a bien le droit de faire ce qu’il veut avec son œuvre. En 2006, tout le monde s’était de même offusqué lorsque Alessandro Baricco avait publié une version allégée de l’Iliade d’Homère. Un très bon livre, selon moi. La musique, le théâtre et le cinéma ne cessent de reprendre les mêmes oeuvres pour les remonter, les réinterpréter, les réinventer. La littérature devrait en prendre de la graine. Une version remix des meilleurs romans n’enlèverait rien aux originaux. Au contraire.»

Mon commentaire a été repris dans l’éditorial du Libraire n°67 de Stanley Péan, qui remarque fort justement que Vendredi ou les limbes du pacifique existe en deux versions écrites par Michel Tournier lui-même, sans que personne ne s’en soit offusqué.

J’en étais là de mes réflexions, lorsque j’ai lu ce billet troublant sur le blogue de Celeborn, intitulé Le club des 5 et la baisse du niveau. Je vous invite à y jeter un œil.

L’auteur, un professeur français, y révèle que la nouvelle version des romans d’Enid Blyton a bien changé. La narration est au présent, le nous est devenu on et le traducteur a gommé descriptions et éléments politiquement incorrects. Dans ce cas, il s’agit d’une décision de l’éditeur (l’auteure est morte en 1968). Je me questionne depuis. On voit bien des versions modernes et québécoises de pièces de Shakespeare, pourquoi ne pas revisiter ces œuvres écrites dans les années 40 ? Mais jusqu’où risquons-nous d’aller trop loin ?

Toute la littérature jeunesse ne tire pas ainsi vers le bas, il faut le rappeler.

6 commentaires:

  1. Fabien Léglise parle longuement de ce billet dans Le Devoir. Je trouve son point de vue outré bien trop forcé. Si un écrivain jeunesse sortait aujourd'hui un roman avec des gitans aux dents sales qui battent leurs enfants, tout le monde gueulerait. Quant au passé simple... La langue évolue.
    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/333634/chronique-d-un-vieux-con-a-l-usage-des-petites-filles-et-des-petits-garcons

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  2. Si un écrivain sortait un roman avec un gars qui trousse les soubrettes même contre leur volonté, tout le monde gueulerait. Doit-on pour autant revisiter Maupassant ?

    Faut-il corriger Celine, Léautaud, Hitler,... pour en expurger tout antisémitisme ?

    Faudra-t-il récrire Aurore l'enfant martyr ?

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  3. Comparer Maupassant et Enid Blyton, c'est osé. Expurger l'antisémitisme d'Hitler, ça me parait impossible.
    On parle ici de littérature pour la jeunesse et les temps changent et c'est parfois tant mieux.

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  4. La littérature jeunesse n'est pas de la littérature ? Ou pas au même titre que la «vraie»? Les jeunes n'ont-ils pas la capacité de s'adapter ? Comment faisait-on, nous, pour lire Jules Vernes ?

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  5. Bien sûr que la littérature jeunesse est de la vraie littérature, mais avec ses spécificités. Comme le polar ou la SF. Nous lisions Jules Vernes et le Grand Meaulnes, mais honnêtement, je trouve que ce style de romans a pris un coup de vieux. D'ailleurs, ils n'étaient pas écrit que pour un public jeune. La littérature est vivante. On n'écrit plus aujourd'hui comme il y a cent ans et il ne sert à rien de regarder en arrière.

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  6. Anonyme13/12/11

    Le site de référence sur Enid Blyton s'agrandit et change d'adresse:

    http://serge.passions.perso.sfr.fr/livres_d_enfants.htm

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