Jeudi 13 avril 2017 – École primaire Selwyn House
– Westmount
On m’a invité pour lire la fin du Voleur de sandwichs devant toute l’école réunie dans la cafétéria.
De ma maternelle à la 6e année, ils arrivent en rang et en silence,
polis. Ils s’assoient par terre. Je me lance, plus impressionné qu’eux/elles.
Après la lecture, les questions. Selwyn House est une école anglophone, mais
ils parlent tous le français. Mon intervention s’inscrit dans le cadre du
Franco Party.
À la réception, je ramasse le journal SHS Weekly, qui titre: Pourquoi
la semaine de la francophonie ? Bonne question. À l’intérieur, les
réponses sont intéressantes. «Pour partager notre amour pour la culture
francophone» écrit Mme Arsenault, enseignante de français. Un peu plus
loin, un article signé Kyle Hassig nous présente Les avantages de la langue française. Tout d’abord, les jobs:
«Savoir le français peut amener d’innombrables nouvelles offres de compagnies
françaises en recherche d’employés.» Ensuite, la culture: «C’est la langue universelle de la danse, de l’architecture, et de
la cuisine. Pour ceux qui veulent se lancer dans les arts, savoir parler
français est un atout sans prix.» Enfin, le tourisme: «Connaître la langue
française a la capacité de rendre les voyages dans des pays francophones bien
plus agréables.»
J’apprends, je note. L’enseignant qui m’a invité m’explique qu’il a
réussi à convaincre toute l’école à lire notre livre grâce à l’existence de la
version américaine: The sandwich Thief.
Sans elle, je n’aurais pas pu me prendre pour une vedette de la littérature,
micro en main pendant une heure, devant 250 jeunes Anglos en uniforme.
Mardi 18 avril 2017 – Collège Durocher –
Saint-Lambert
Je viens de finir ma 5e journée dans ce collège. À raison
de trois animations par jour, c’est trop pour moi. En rentrant, j’écoute Radio-Canada. C’est justement le moment
de la capsule linguistique de Guy Bertrand. Aujourd’hui, il est question des
termes nettoyeur, teinturier et pressing. Le «premier conseiller linguistique à
Radio-Canada» explique les différents usages en France et au Québec, pour
conclure que nettoyeur est un
«régionalisme de bon aloi». En arrivant chez moi, je vérifie la définition de
cette expression dans mon dictionnaire Antidote. «De bon aloi: Qui est
accepté, qui est permis, qui convient.» On tolère donc ici ce régionalisme, alors qu’on ne définit pas
teinturier comme un archaïsme de France.
Mardi 25 avril 2017 –
Bibliothèque de L’Île Bizard
Je donne une animation dans le cadre du
festival Metropolis Bleu. Ce matin, je rencontre des élèves de 2e
année de primaire. L’un d’eux me pose une question qui revient souvent:
— Où est-ce qu’on peut trouver vos
livres ?
La majorité des enfants n’a jamais été
dans une librairie. Ils ne fréquentent souvent des bibliothèques que lorsque
leur prof les y emmène. D’où viennent les livres ? Est-ce que je peux leur
en vendre moi-même ? Non.
Comme d’habitude, j’explique donc simplement
au garçon qu’il trouvera mes livres à la bibliothèque ou dans une librairie
proche de chez lui. Mais cette fois-ci, le travail sera plus ardu encore, parce
qu’il relève la main:
— C’est quoi une librairie ?
Léger découragement.
Prochaine étape : Whitehorse
(Yukon) !!!
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