01 décembre 2009
Le Discours sur la tombe de l'idiot
Je n’avais jamais entendu parler de ce roman publié en France par les éditions José Corti. Il vient de gagner le prix du Gouverneur Général dans la catégorie romans et cela a piqué ma curiosité.
Au Salon du livre de Montréal, le 4e de couverture m’a accroché.
Ça commence ainsi: « Scandalisés par l'idiot du village, le maire de Chester et son adjoint conspirent sa mort. Un matin de printemps, les deux hommes l'enlèvent et vont le jeter dans un puits. Or, au bout de trois jours, l'idiot se remet à crier du fond de sa fosse.
«Un village comme ici c'est pas une place pour les intrigues», mettent en garde les habitants de Chester. Dès les premières pages du Discours sur la tombe de l'idiot, le lecteur connaît tous les éléments du crime qui vient troubler ce village sans histoire. L'intrigue policière ainsi jugulée, le roman repose principalement sur le génie de l'accusation et du leurre, c'est-à-dire sur les efforts déployés par le maire afin de désigner un coupable et ce, tout en s'assurant le silence de son complice qui menace de s'effondrer sous le poids du remords...»
Cela suffit pour me donner envie de l’acheter, de le lire. La culpabilité est l’un des thèmes de mon prochain roman.
Dans Le Discours sur la tombe de l’idiot, on ne sait pas où l’action se situe : un village nommé Chester, sans plus de précision. Les descriptions et l’écriture font penser à la campagne française, mais quelques rares éléments québécois surgissent dans les dialogues : comme une piastre. Ce n’est pas important.
Il y a cette utilisation du plus-que-parfait, qui repousse le récit dans le passé. Qui lui donne son souffle, son amplitude.
La vie à la campagne est bien rendue : les villageois s’observent et redoutent les étrangers, les ragots. Les personnages sont tous au rendez-vous : le maire, la pute, l’ouvrier agricole, le paysan, l’aubergiste, le curé, le berger, le laitier et l’idiot. Bien sûr, ce n’est pas un roman policier, cela en emprunte plus l’ambiance que la technique. Mais il y a meurtres, suspects, police et hypothèses. Il y a surtout un climat, une grande maitrise de la langue et un découpage savant, plein d’ellipses, qui donne le ton. Une réussite, donc, par une jeune auteure, Julie Mazzieri, qui signe là son premier roman.
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