Jeudi 8 décembre 2016 – bibliothèque de
Mirabel (Québec)
Je rencontre deux classes de 3e
année de primaire, l’une après l’autre. Les élèves ont lu mon album Aux toilettes, illustré par Pierre
Pratt. Ils sont attentifs, posent des questions. Je ne suis pas là pour leur
apprendre à lire ni à écrire, mais je leur raconte l’histoire de mes livres:
comment on trouve des idées, comment on les transforme en histoires et comment
celles-ci deviennent-elles des livres. J’espère leur donner envie de lire. Je
démystifie. J’essaie, en tout cas.
Au début de la deuxième rencontre,
j’explique que c’est ma première visite chez eux et, par curiosité, je leur pose
une question (dont moi-même j’ignore la réponse) :
— Comment appelle-t-on les habitants de
Mirabel?
Une main se lève aussitôt et la réponse
fuse:
— Les Français!
Les adultes rient, les enfants
proposent d’autres noms:
— Les Canadiens!
— Les Québécois!
C’est un jeu et ils veulent tous
gagner.
— Les Montréalais!
— Non, les habitants de Mirabel, pas de
Montréal.
Deux garçons veulent prendre la parole.
Écoutons-les:
— Les Mirabeliens?
Leur professeure secoue la tête. C’est
au tour du petit voisin:
— Les Mirabellois!
Bonne réponse, confirme une
professeure.
Les propositions ont été éclairantes,
amusantes et spontanées (dans le désordre). Ils auront appris un autre mot de
vocabulaire (et moi avec), mais une chose est sûre: leur français est bon,
vivant, sûrement pas menacé.
Vu d’ici, le péril anglophone semble
lointain.
Ça me rappelle une visite à l’école
Zénon Soucy de Matane, en Gaspésie. L’originalité du nom m’avait intrigué et
j’avais alors demandé à l’enseignante qui était celui qui avait ainsi donné son
nom à l’école. Elle l’ignorait.
12 et 13 janvier 2017, North Bay et
Verner
Retour en classe après plus d’un mois
d’absence. On plonge dans l’écriture pure et le retour à la réalité est
impitoyable. Cette étape me décourage chaque année, car lire des phrases où la
syntaxe, le vocabulaire et la logique sont à ce point malmenés, c’est à douter
d’une issue correcte de l’exercice.
J’ai commencé mes deux journées avec
une présentation où j’explique que mes propres textes – en l’occurrence ici mon
roman jeunesse Lâchez les chiens! –
sont le fruit de multiples échanges avec l’éditeur et le réviseur. La qualité
finale dépend de celles des commentaires qui me sont donnés et auxquels je
réponds en réécrivant encore et encore. Je suis donc bien placé pour ne pas me
décourager à la place des élèves. Ils (je devrais dire elles, car les filles
sont majoritaires) semblent plutôt confiants et je les encourage, même si
certaines découvertes me démoralisent. «La langue francophone» existe-t-elle
vraiment?
Ils écrivent sur des mini-tablettes
avec un clavier intégré à leur petit écran. C’est tout sauf pratique et
beaucoup de temps est perdu à gérer cet outil ridicule et inadapté. Ils
utilisent le correcteur de texte au pif, choisissant souvent une orthographe
sans réfléchir. La machine ne peut pas se tromper, c’est bien connu. Il leur
faudrait surtout un clavier à part, ou encore plus simple et moins cher: un
cahier avec un crayon à mine et une gomme à effacer.
La technologie n’apporte pas
grand-chose ici, sauf de pouvoir accéder à des jeux pendant la classe, ce dont
ils ne se privent pas.
À suivre…
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