12 juin 2019

Journal de ma francophonie #5 – École du Plateau de Montréal + PGLO


16, 17 et 18 janvier 2017, École du Plateau à Montréal
Je suis là trois jours pour animer des ateliers d’écriture de nouvelles policières avec des jeunes de 6e année de primaire. Je connais bien cette école située au milieu du parc La Fontaine, car j’habite à cinq minutes de là en vélo et aussi parce que j’y suis déjà venu faire des présentations. L’idée de ces ateliers est née de ma dernière visite en 2016.
Après une courte introduction, je donne aux élèves un thème sous forme d’incipit en lien avec la météo ou leur école: «La tempête de neige venait juste de commencer…» par exemple. Ils écrivent en groupes de deux ou trois. Ça démarre aussitôt. Ils sont enthousiastes. Tant mieux, car ils n’ont que deux heures pour venir à bout de leur histoire. Très vite, je me rends compte qu’ils sont très bons.
Avec une feuille de papier, un crayon à mine et une gomme à effacer, ils écrivent vite et très bien. Leur vocabulaire est excellent, sans recourir à un dictionnaire: «prendre la poudre d’escampette», «filer à l’anglaise», «sur ces entrefaites»… C’est remarquable. Les nouvelles dépassent mes attentes. Les groupes suivants seront à peine moins bons, mais ça demeure un haut niveau.
Une professeure m’explique que les classes sont organisées par type d’instruments, puisque nous sommes dans une école avec un programme en musique. Il y a le piano, les vents et les cuivres. Bien sûr, ça se retrouve dans leurs récits, où l’on parle de l’Alléluia de Haendel, de l’opéra Carmen, de contrebassistes et les personnages se nomment parfois M. Glockenspiel.
Sandra, l’enseignante de la classe avec les joueurs de piano, m’explique que ceux-ci (en réalité trois garçons pour douze filles) seraient les «meilleurs», car leur instrument implique un travail solitaire, concentré. Les vents fonctionnent davantage en groupe discipliné, l’intensité sonore de leurs instruments jouant sur leur énergie. Théorie intéressante à creuser.
L’école du Plateau est publique, mais les élèves sont sélectionnés pour y entrer, à partir de la 2e année. Ainsi, bien sûr, le niveau s’en ressent. Malgré tout, voir ces enfants écrire avec tant de plaisir et de talent, c’est rassurant sur l’avenir de notre francophonie. Évidemment, pour en arriver là, ce sont de grands lecteurs. L’épaisseur des bouquins sur leurs pupitres en témoigne.

20 et 21 janvier 2017, École secondaire PGLO, Outremont.
Grosse semaine fatigante, mais intense et gratifiante. Je rencontre cette fois des élèves de 2e secondaire, qui ont lu mon polar pour adolescents: Où est Agota? Encore une fois, la qualité de l’enseignante Kathleen fait la différence. Ils sont préparés et motivés. Les questions fusent. Certains ont avoué à leur professeure que c’était la première fois qu’ils finissaient un roman. J’ai la chair de poule en entendant ça. Je leur parle de mon parcours, de mes échecs, de ma décision de quitter la publicité pour devenir écrivain à plein temps, du roman policier, de ses règles et de ses difficultés. Le temps file, encore une fois.
Après deux jours à leur étage, ils me saluent tous dans le couloir et j’ai l’impression d’être une rock star. Quand je leur parle d’une éventuelle série télévisée tirée du livre, leurs yeux s’allument et les miens aussi en retour.
Le vendredi midi, je rencontre par hasard Jean-Marc Piché, le réalisateur avec qui je travaille sur cette fameuse adaptation. Je prends ça pour un bon signe. Je le raconte à la classe suivante.
Je reçois un courriel le soir même de Kathleen: «Un petit mot pour vous remercier de votre présence hier et aujourd’hui à l’école PGLO.  Les élèves étaient très heureux de faire votre connaissance. Moi aussi… Nous souhaitons très fort que votre projet de suite télévisée d’Agota se réalise. Il y a, à l’école, plusieurs téléspectateurs potentiels qui attendront avec impatience la concrétisation de ce projet. Sans pression.»
Que demander plus à la vie?
Je repars dimanche matin en Ontario.

À suivre…

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