29 mars 2010
Cachette-branding
Illustration: Alain Pilon
À l'heure de Twitter et de Facebook, des blogues d'auteurs et des bandes-annonces de livres, que penser d'un écrivain qui refuserait toute publicité et resterait terré chez lui, loin des journalistes et des médias sociaux?
Un début de réponse dans ma dernière chronique dans le magazine Infopresse d'avril 2010.
Voici le lien pour le lire gratos.
(J'adore cette illustration d'Alain Pilon. Pas vous?)
26 mars 2010
Cash crash
Aujourd'hui, je découvre le joli coup monté par l'agence Bos pour son client Canal D: un faux bimoteur écrasé devant le centre Bell. Ce qui est stimulant, c'est de voir que les médias réagissent vraiment à fond à cette installation, comme je l'avais moi aussi prévu.
J'en parle maintenant, car j'ai écrit le mois dernier une version plus élaborée de ma chronique de 2009, sous la forme d'une nouvelle intitulée Cache crash. Il ne faudrait quand même pas qu'on pense que je me suis inspiré de cette pub pour Canal D.
23 mars 2010
Encore des critiques
Extrait: «Sa propre mort est un texte fort, puissant et dérangeant; on en sort chaviré et ému. Et nous le devons à un auteur de talent qui réussit à ébranler l’adulte dans ses romans noirs et charmer le jeune dans ses polars jeunesse. De plus, grâce à son contenu culturel, le lecteur dévore un roman accessible mais riche de référents littéraires. Plus particulièrement, j’ai été enchanté par l’intelligente utilisation de La Chute d’Albert Camus. Un petit plaisir de lecture pour lecteurs avisés!»
Lina Lessard de la librairie Les Bouquinistes (Chicoutimi) donne son point de vue dans une annonce des librairies indépendantes: «Si vous ouvrez ce livre, impossible de le refermer.»
Dimanche 21 mars, j'ai participé à l'émission radio Vous m'en lirez tant sur Radio-Canada, qu'on peut réécouter là.
22 mars 2010
Noeuds et dénouements
D’Annie Proulx, je ne connaissais que les nouvelles du recueil Les pieds dans la boue, dont la célèbre Brokeback Mountain. Des histoires que j’avais qualifiées de «âpres, authentiques et superbes».
Publié sous le titre The Fishing News en 1993, Nœuds et dénouements a gagné le prix Pulitzer et le National Book Award. Avec ce roman, le souffle prend le dessus. On suit le parcours hors norme de Quoyle quittant New York pour reprendre sa vie à zéro, après le décès de son épouse volage. Direction : Terre Neuve, la terre de ses ancêtres.
Il s’installe à Port-Crachin avec ses des deux filles et sa tante, travaille au journal local : l’Eider Cancaneur.
L’écriture d’Annie Proulx est un ravissement. Froide et précise, surprenante, elliptique, riche. Le ton est direct, le vocabulaire est pointu.
On découvre la vie de ce petit bout de pays sauvage. La description des lieux, de l'océan hostile et des habitants est saisissante. Là-bas, le vent est qualifié d’abominable. Les gens du coin sont pêcheurs de morues et chasseurs de phoques. Certains tricotent. Quand ils font la fête, ça dégénère gravement. La nature les attend au tournant.
On pense parfois lire une histoire qui se déroulerait au début du XXe siècle, mais non, nous sommes à la fin du siècle, en 1991-92. C’est moderne, car les rapports humains n’ont pas changé depuis mille ans. Encore une fois, ce sont eux qui fascinent chez la romancière américaine.
Une lecture forte, avec un suspense subtil, des chapitres qui s’ouvrent sur la description d’un nœud marin. Le roman s’achève ainsi : «Il arrive que l’on attrape un crabe avec l’ombre d’une main, que l’on retienne le vent du soir avec un bout de ficelle noué. Et il se peut parfois qu’un amour existe sans chagrin ni souffrance.»
Annie Proulx affirmait que «Il faut avoir vécu avant d’écrire.» Elle a publié son premier livre à 53 ans. Bien fait d'attendre.
08 mars 2010
Écrivains à l'école
Le programme La culture à l'école du ministère de la culture du Québec est un excellent système qui permet d'envoyer des écrivains et leurs livres dans les écoles qui le demandent. J'y participe depuis trois ans et les rencontres sont toujours passionnantes pour les élèves, les professeurs et les auteurs.
Ce programme est de plus en plus populaire et le nombre de livres envoyés par journée de trois animations ne cesse de diminuer. Il est passé de 30 à 20 exemplaires, puis a été suspendu en début d'année, avant de reprendre, pour enfin chuter à neuf livres. La suite est incertaine. Dans notre province où 50 % de la population est incapable de comprendre un article de journal, on se questionne sur cette aide à la lecture qui se trouve encore en péril.
Voici la lettre de l'écrivaine Sonia K-Laflamme:
«Montréal, le 8 mars 2010
À tous les écrivains inscrits au programme La culture à l’école,
Après un mois de janvier exécrable au cours duquel le Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine menaçait de suspendre le volet « distribution de livres » du programme La culture à l’école, la ministre madame St-Pierre avait finalement consenti une aide additionnelle de 92 000 $.
Tout le monde se réjouissait. Hélas, le problème n’était pas réglé ! Loin s’en faut...
Cette somme de 92 000 $ a seulement permis de combler les déficits encourus au cours des dernières années. Si bien que maintenant, il ne reste déjà plus assez d’argent pour garantir l’envoi des vingt livres par journée de rencontre jusqu’à la fin de l’année. Le programme doit donc revoir à la baisse le nombre de livres et le fixer... à neuf !
Le geste de madame St-Pierre n’a donc été qu’un coup d’épée dans l’eau.
Qu’arrivera-t-il en septembre prochain ? Tous les espoirs sont encore permis, puisqu’on débutera l’année avec un nouveau budget, sans déficit. Mais le nombre de livres reviendra-t-il à vingt ? Personne ne le sait encore.
Le programme La culture à l’école est victime de son propre succès. Le ministère prétend qu’il n’est pas menacé, mais qu’on ne versera pas de sommes supplémentaires cette année. Il faudra néanmoins trouver d’autres solutions que la sempiternelle baisse du nombre de livres, car les demandes en provenance des commissions scolaires, elles, ne font qu’augmenter d’année en année. »
On peut signer la pétition en ligne à cette adresse:
http://www.mesopinions.com/Ecrivains-a-l-ecole-petition-petitions-59012e2b52703217d59a5b91de9d92af.html
Abjects, donc vrais
photo: André Marois
«La société où vous vivez a pour but de vous détruire. Vous en avez autant à son service. L’arme qu’elle emploiera est l’indifférence. Vous ne pouvez pas vous permettre d’adopter la même attitude. Passez à l’attaque !
Creusez les sujets dont personne ne veut entendre parler. L’envers du décor. Insistez sur la maladie, l’agonie, la laideur. Parlez de la mort, et de l’oubli. De la jalousie, de l’indifférence, de la frustration, de l’absence d’amour. Soyez abjects, vous serez vrais.»
Michel Houellebecq – Frapper là où ça compte, dans Rester vivant et autres textes
02 mars 2010
Le noir vous va si bien
Photo: école Joseph Charbonneau
Jolie surprise lors de ma récente visite à l'école secondaire Joseph-Charbonneau. Les élèves arrivent l'un après l'autre, tous de noir vêtus. Les professeurs sont de même. Je les interroge sur cette mode sombre... Éclat de rire général. Ils s'étaient bien sûr donnés le mot, car il est écrit quelque part que ma couleur préférée est le noir... J'avais l'air d'un fou avec mes jeans bleus.
Ma présentation s'est si bien déroulée que j'y retourne en avril pour un atelier d'écriture de nouvelles... noires.
01 mars 2010
Autres critiques
Dans le magazine Voir, Chrsitine Fortier écrit «André Marois navigue adroitement dans les eaux troubles qui séparent la soif de vengeance et la nécessité de trouver la paix. Un roman noir qui frappe.»
Sur Critique-Livre, Michel s'entousiasme pour mon roman: «Alors là, attention, gros gros coup de cœur. Tout y est. D’abord la langue, de celle qui nous fait penser qu’Audiard est Québécois et que Montaigne gagna la coupe Stanley. J’aime la tristesse, la langueur du début, j’aime ce sourire qu’on suppose aux commissures de Marois quand il joue de la mécanique, qu’il tâte du gun, j’adore ses mots précis, pesés. Ensuite, l’histoire de cette femme qu’on comprend en équilibre entre un Paris qu’on suppose décadent et un Montréal qu’on sait pourri.
On hésite à chercher où se trouve le purgatoire, peut-être dans la vengeance froide, mais alors il n’offre que l’enfer, virtuel bien entendu. Enfin le rythme. Celui d’un polar moderne que je vois bien un jour scénarisé. Cette douce Clara est un warrior, une poétesse désenchantée qui agit pour survivre et nous offrir une grande leçon de chose: sans l’âme qu’on se construit, rien de mérite de survivre, avec cette fausse âme que le monde du Net se construit, rien, là non plus, ne doit subsister. Bravo Monsieur Marois, vous rendez un beau service à votre éditeur. C’est donc mon coup de cœur 2010, mais nous ne sommes qu’en février.»
Le papier est en reprise sur le post.fr
J'ai été l'invité de l'émission Rencontre du troisième titre, sur la radio CIBL (on peut l'écouter en cliquant sur le lien).
Sarrah Osama parle de «Réflexion sur la vengeance, sur notre usage d’Internet et sur l’espace public et privé, Sa propre mort est un roman haletant.»
Sur Planète Québec, Louise Turgeon a souligné «La plume aiguisée, crue et efficace d’André Marois. Son humour noir qui perce l’atmosphère tendue du récit.
. Une héroïne atypique, aussi fragile et tourmentée que froide et calculatrice. On suit avec un intérêt constant la progression de son instinct de prédatrice, la mise en place de son éclatante vengeance.
. Un récit bien ficelé, une tension dramatique qui nous tient en haleine, jusqu’à la dernière page.»
Que du bonbon pour moi...