Voici dans le désordre, le top sept de mes lectures noires en 2009. Totalement subjectif et pas forcément rempli de nouveautés. Au hasard des rencontres et des disponibilités de la banQ.
- Au pas des raquettes, de Luc Baranger, éd. Suite noire. Vous avez dit truculent ?
- Je mourrai pas gibier, de Guillaume Guéraud, éd. du Rouergue. Court roman jeunesse trrrès dur.
- La confrérie des mutilés, de Brian Evenson, éd. Le Cherche midi . Déjà commenté.
- Le discours sur la tombe de l’idiot, de Julie Mazzieri, éd. José Corti. Déjà commenté.
- Le gang de la clé à molettes, de Edward Abbey, éd. Gallmeister. Déjà commenté.
- Coronado, de Denis Lehane. Un recueil de nouvelles noires et prenantes.
- Paris-Brest, de Tanguy Viel, éd. Minuit. Le style + l’histoire + les personnages = la perfection.
Et vous, quoi de bon dans le noir?
30 décembre 2009
29 décembre 2009
En guise de bilan
2009 se termine et se fut une année plutôt féconde. Pour ma 3e année comme écrivain professionnel, j'ai profité d'une bourse du CAC qui m'a permis de me consacrer à l'écriture d'un roman qui paraîtra fin janvier 2010, aux éditions La courte échelle. Le titre (c'est un scoop): SA PROPRE MORT.
En mai, j'ai fini d'écrire et de publier mon roman feuilleton pour adolescents, Les Allergiks. Les treize épisodes sont depuis sortis en deux coffrets. D'autres développements sont dans l'air...
En avril, j'ai eu la chance et le bonheur de me retrouver en résidence d'écrivain à Bordeaux, à l'invitation de l'association L'Ours polar. Résultat de ce marathon d'écriture: un polar pour la jeunesse qui sera publié en 2011. Ainsi qu'un conte noir: Noël bio, qui a été joué dans le cadre des Contes urbains, à La Licorne. Que du plaisir et du bonheur.
J'avoue qu'avant cette expérience, je ne saisissais pas trop le concept de résidence. Aujourd'hui, je cherche de nouvelles opportinités car j'ai vraiment produit là de façon efficace et stimulante.
D'autres projets de livres sont très avancés, mais je préfère être sûr de leur édition avant d'en parler. Il y a aussi quelques nouvelles qui seront publiées, ici et là... À suivre.
En espérant que 2010 sera aussi intense, joyeuses lectures à tous.
17 décembre 2009
Le dernier gars est de retour
J’avais commencé l’écriture d’un billet qui relatait la genèse de Publicité bidon, une nouvelle publiée à l’automne 2005, dans le magazine Urbania n°10 spécial Médias, car cette nouvelle devait apparaître dans le «best of» de ce magazine, contenant ses douze histoires préférées.
J’arrive juste du lancement qui célèbre la rétrospective des 25 premiers numéros d'Urbania, où j’ai découvert qu'en fait, c’est Le dernier gars, publié originalement dans le numéro spécial Gars du printemps 2005, qui y figure.
J’en suis tout aussi heureux.
On m'y présente comme «André le gars clean qui écrit des histoires sanglantes.» Assez réaliste.
La mise en page originelle de l’excellente designer Lyne Lefebvre a été remplacée, mais l’illustration du non moins talentueux Alain Pilon a été reprise.
C'est d'ailleurs Alain qui m'avait soufflé l'idée de ce type, unique rescapé d'un cataclysme.
On ne sait pas ce que deviendra ce magazine unique, créatif et irrremplaçable au Québec. Les lieux de création et d'expression ne sont pas si nombreux, encore moins en imprimé. J'ai eu le plaisir de participer à plus de quinze de ses numéros.
En attendant, pour ceux qui ont raté l’une des précédentes éditions, celle de l’hiver 2009 est incontournable.
J’arrive juste du lancement qui célèbre la rétrospective des 25 premiers numéros d'Urbania, où j’ai découvert qu'en fait, c’est Le dernier gars, publié originalement dans le numéro spécial Gars du printemps 2005, qui y figure.
J’en suis tout aussi heureux.
On m'y présente comme «André le gars clean qui écrit des histoires sanglantes.» Assez réaliste.
La mise en page originelle de l’excellente designer Lyne Lefebvre a été remplacée, mais l’illustration du non moins talentueux Alain Pilon a été reprise.
C'est d'ailleurs Alain qui m'avait soufflé l'idée de ce type, unique rescapé d'un cataclysme.
On ne sait pas ce que deviendra ce magazine unique, créatif et irrremplaçable au Québec. Les lieux de création et d'expression ne sont pas si nombreux, encore moins en imprimé. J'ai eu le plaisir de participer à plus de quinze de ses numéros.
En attendant, pour ceux qui ont raté l’une des précédentes éditions, celle de l’hiver 2009 est incontournable.
11 décembre 2009
Vous êtes prévenus
Illustration: Alain Pilon
En septembre 2009, la députée française Valérie Boyer a déposé un projet de loi pour rendre obligatoire la mention « photo retouchée afin de modifier l'apparence corporelle d'une personne» sur les images qui ont été refaites par Photoshop et autres logiciels magiques.
Il s’agissait de lutter contre la vision fausse des femmes que certaines images véhiculent.
Je me suis inspiré de cette idée pour rédiger ma chronique de décembre dans le magazine Infopresse. J’ai imaginé tous les avertissements du même type qu’on pourrait retrouver sur les annonces publicitaires et autres...
En lien direct ici.
09 décembre 2009
ZINC, spécial naissances
J'ai écrit une nouvelle dans le numéro 19 de la revue ZINC, spécial naissances, qui sera en librairie le 15 décembre 2009. Dans le texte de présentation sur Internet, on y lit que «Nous avons donc demandé aux écrivains de la relève d’aborder ce vaste sujet pour le 19e numéro du Zinc.»
Je sais bien que je n'ai plus l'âge de cette relève, mais je suis bien content de me retrouver dans cette belle revue bien maquettée, entouré de jolies plumes presqu'exclusivement féminines.
Cette nouvelle, intitulée Toutes mes excuses, fait partie d'un recueil écrit à quatre mains avec Luc Baranger, sur le thème des arnaques. Mon histoire en est une, avec un jeune garçon pour héros. Pas joyeux, vous verrez.
Le recueil composé de 13 nouvelles, lui-même intitulé Tab'arnaques, devrait paraître un jour chez un éditeur, tout cela est à confirmer.
05 décembre 2009
Noël Bio: ils en parlent
Pour ma première expériennce au théâtre, j'avoue que l'abondance et la rapidité des critiques a de quoi rendre jaloux n'importe quel écrivain.
Voici donc ce qu'on a écrit sur Noël Bio, son inteprête Francesca Barcenas et les Contes urbains 2009.
Dans Voir
«Dans Noël bio, interprété par la polyvalente Francesca Barcenas, le romancier André Marois installe des personnages colorés et provoque une étrange réunion de famille. Surtout, il maîtrise l'art du suspense et de l'improbable, proposant un conte des plus morbides.»
Dans Dimanchematin.com
«Le Noël Bio signé par André Marois s’avère décapant et irrévérencieux; Francesca Bárcenas y plonge d’ailleurs avec un plaisir évident pour la démesure et le dérapage de ses personnages.»
Dans lequatrieme.com
«Avec Noël Bio, d'André Marois, on tombe dans le quasi tragi-comique légèrement grand-guignolesque, où, dans une terrible satire du courant grano équitable à tout crin, Francesca Barcenas nous transporte dans un noël joyeusement triste et rocambolesque où son personnage se trouvât invitée en compagnie de son frère abruti par une mère cinglée perdue de vue depuis des lustres, et vivant son trip macrobiotique de maniaque éthique globale dans un St-Profond-des-Creux glissant progressivement vers un cannibalisant surréel joyeusement horrifique. Bellement portée, les deux tiers initiaux dans cette parodie de la pensée bobo grano est délicieuse et généreuse de rire grinçant et noir, avec une portion finale qui s'étiole légèrement dans son ton et ses effets, mais cela reste du bonbon... piquant.»
Sur RueFrontenac.com
«Ouch aussi dans Noël Bio de l’auteur André Marois. La comédienne Francesca Barcenas flirte avec les grandes noirceurs de l’humain dans ce qui pourrait être un conte d’Halloween trash. De quoi se méfier de notre maman à Noël, et pourquoi pas de notre voisin de siège en qui sommeille peut-être le fragment d’une histoire inspirante pour un auteur l’année prochaine. C’est presque inquiétant.»
Sur MonTheatre.com
«André Marois nous transporte dans un chalet isolé, où la mère trop bio invite ses deux enfants pour le souper du Réveillon. Mais l'électricité manque, la nourriture aussi, et la femme flippe. Francesca Bárcenas, emmitouflée sous une grande couverture et coiffée d’une tuque, s'imprègne de son personnage qu'elle interprète avec humour et mordant.
Dans Le Devoir
«Joli glissement entre les mains de la comédienne Francesca Barcenas qui rend avec beaucoup d'aplomb un étrange récit de réveillon qui baigne presque dans l'onirique et dans lequel l'auteur, André Marois, balance bien humour et suspense.»
Sans oublier la radio de Radio-Canada, La Presse , L'Actualité et Le Journal de Montréal.
Voici donc ce qu'on a écrit sur Noël Bio, son inteprête Francesca Barcenas et les Contes urbains 2009.
Dans Voir
«Dans Noël bio, interprété par la polyvalente Francesca Barcenas, le romancier André Marois installe des personnages colorés et provoque une étrange réunion de famille. Surtout, il maîtrise l'art du suspense et de l'improbable, proposant un conte des plus morbides.»
Dans Dimanchematin.com
«Le Noël Bio signé par André Marois s’avère décapant et irrévérencieux; Francesca Bárcenas y plonge d’ailleurs avec un plaisir évident pour la démesure et le dérapage de ses personnages.»
Dans lequatrieme.com
«Avec Noël Bio, d'André Marois, on tombe dans le quasi tragi-comique légèrement grand-guignolesque, où, dans une terrible satire du courant grano équitable à tout crin, Francesca Barcenas nous transporte dans un noël joyeusement triste et rocambolesque où son personnage se trouvât invitée en compagnie de son frère abruti par une mère cinglée perdue de vue depuis des lustres, et vivant son trip macrobiotique de maniaque éthique globale dans un St-Profond-des-Creux glissant progressivement vers un cannibalisant surréel joyeusement horrifique. Bellement portée, les deux tiers initiaux dans cette parodie de la pensée bobo grano est délicieuse et généreuse de rire grinçant et noir, avec une portion finale qui s'étiole légèrement dans son ton et ses effets, mais cela reste du bonbon... piquant.»
Sur RueFrontenac.com
«Ouch aussi dans Noël Bio de l’auteur André Marois. La comédienne Francesca Barcenas flirte avec les grandes noirceurs de l’humain dans ce qui pourrait être un conte d’Halloween trash. De quoi se méfier de notre maman à Noël, et pourquoi pas de notre voisin de siège en qui sommeille peut-être le fragment d’une histoire inspirante pour un auteur l’année prochaine. C’est presque inquiétant.»
Sur MonTheatre.com
«André Marois nous transporte dans un chalet isolé, où la mère trop bio invite ses deux enfants pour le souper du Réveillon. Mais l'électricité manque, la nourriture aussi, et la femme flippe. Francesca Bárcenas, emmitouflée sous une grande couverture et coiffée d’une tuque, s'imprègne de son personnage qu'elle interprète avec humour et mordant.
Dans Le Devoir
«Joli glissement entre les mains de la comédienne Francesca Barcenas qui rend avec beaucoup d'aplomb un étrange récit de réveillon qui baigne presque dans l'onirique et dans lequel l'auteur, André Marois, balance bien humour et suspense.»
Sans oublier la radio de Radio-Canada, La Presse , L'Actualité et Le Journal de Montréal.
03 décembre 2009
Antécédents judiciaires
Voici le communiqué émis par l'UNEQ, concernant la demande de la CSDM sur les antécédents judiciaires des écrivains participant au programme La Culture à l'école, dont je fais partie.
LES BALLONS BLANCS
Scénario XXX
Montréal, le 30 novembre 2009. L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) dénonce l’obligation faite aux écrivains et aux artistes du programme « La culture à l’école » de montrer patte blanche dans les institutions d’enseignement de la Commission scolaire de Montréal, en procédant à une vérification de leurs antécédents judiciaires. Le président de l’UNEQ, Stanley Péan, a rédigé le scénario qui suit...
La télé américaine présentait récemment une nouvelle version de la série britannique Le Prisonnier. Sans doute vous rappelez-vous l’originale, génial amalgame de Kafka, Orwell et Carroll, avec en vedette le regretté Patrick McGoohan dans le rôle du Numéro 6, un ex-espion qui, au lendemain de sa démission des services secrets de Sa Majesté, se voit incarcéré dans un Village surréaliste où les gens portent un numéro au lieu d’un nom et où on ne peut distinguer les geôliers des détenus, une sorte de paisible colonie de vacances, au périmètre gardé par d’énormes ballons blancs et rugissants. De la nouvelle production, ultra-léchée mais décevante, j’ai retenu un échange entre le Numéro 6 et le Numéro 909, chargé de surveiller leurs concitoyens pour le compte des autorités. « Au fond, tout le monde est coupable, Numéro 6 », d’affirmer candidement son interlocuteur. « Il nous suffit juste de déterminer de quel crime exactement. »
J’ai repensé à ce propos kafkaïen en méditant sur l’obligation désormais faite aux écrivains et aux artistes du programme « La culture à l’école » de montrer patte blanche avant d’entrer dans les institutions d’enseignement. Selon un avis publié par la Commission scolaire de Montréal, tout individu, contractuel inclus, oeuvrant auprès d’élèves mineurs ou se trouvant en contact régulier avec eux devra fournir avant embauche un document de vérification de ses antécédents judiciaires, en s’adressant exclusivement à l’une des quatre firmes retenues par la Commission, et ce au coût de 80 $. Il s’agirait, conformément au souhait du gouvernement du Québec, d’établir « si le demandeur [en l’occurrence, l’écrivain ou l’artiste invité] aurait été condamné ou mis en accusation pour une infraction criminelle ou pénale, de [vérifier] également s'il a déjà fait preuve d'un comportement faisant craindre pour la sécurité physique ou morale des personnes sous sa responsabilité ».
Soyons clairs : nous parlons de présentations d’une durée d’environ une heure, au cours desquelles les écrivains et les artistes ne sont jamais laissés seuls avec les jeunes, puisque au moins un professeur titulaire est tenu d’y assister.
Alors que redoute-t-on au juste?
Certes, nul n’est contre la vertu. Nous sommes pleinement conscients de la nécessité de protéger nos enfants contre les prédateurs sexuels en cette ère où la pédophilie passe, dans certains cercles, pour l’expression du nec plus ultra de la sensibilité esthétique. Il nous apparaît cependant inacceptable, dans notre système judiciaire qui repose sur la présomption d’innocence, que l’on contraigne des individus à prouver qu’ils ne sont pas coupables de crimes dont on n’ose les accuser formellement.
Il faudra un jour en arriver à aborder le sujet de la pédophilie sans sombrer dans la banalisation et sans non plus enfourcher le destrier des défenseurs puritains de la morale publique. En attendant, nous nous insurgeons contre l’idée que l’on fasse porter le fardeau de la preuve à des écrivains et à des artistes pourtant inscrits dans un programme relevant de l’État, qu’on les ostracise avec une forme inédite de la présomption de culpabilité. Si vraiment quelques fonctionnaires en croisade estiment les jeunes en danger, qu’on instaure un formulaire de plus par lequel les écrivains et les artistes consentent à ce que le ministère de l’Éducation et le ministère de la Culture se chargent conjointement de confirmer qu’ils ont été « approuvés judiciairement ».
Ou alors qu’on équipe nos écoles d’énormes ballons blancs, capables de détecter le degré de culpabilité de ceux qui y entrent…
Plusieurs auteurs s'y oppossent...
LES BALLONS BLANCS
Scénario XXX
Montréal, le 30 novembre 2009. L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) dénonce l’obligation faite aux écrivains et aux artistes du programme « La culture à l’école » de montrer patte blanche dans les institutions d’enseignement de la Commission scolaire de Montréal, en procédant à une vérification de leurs antécédents judiciaires. Le président de l’UNEQ, Stanley Péan, a rédigé le scénario qui suit...
La télé américaine présentait récemment une nouvelle version de la série britannique Le Prisonnier. Sans doute vous rappelez-vous l’originale, génial amalgame de Kafka, Orwell et Carroll, avec en vedette le regretté Patrick McGoohan dans le rôle du Numéro 6, un ex-espion qui, au lendemain de sa démission des services secrets de Sa Majesté, se voit incarcéré dans un Village surréaliste où les gens portent un numéro au lieu d’un nom et où on ne peut distinguer les geôliers des détenus, une sorte de paisible colonie de vacances, au périmètre gardé par d’énormes ballons blancs et rugissants. De la nouvelle production, ultra-léchée mais décevante, j’ai retenu un échange entre le Numéro 6 et le Numéro 909, chargé de surveiller leurs concitoyens pour le compte des autorités. « Au fond, tout le monde est coupable, Numéro 6 », d’affirmer candidement son interlocuteur. « Il nous suffit juste de déterminer de quel crime exactement. »
J’ai repensé à ce propos kafkaïen en méditant sur l’obligation désormais faite aux écrivains et aux artistes du programme « La culture à l’école » de montrer patte blanche avant d’entrer dans les institutions d’enseignement. Selon un avis publié par la Commission scolaire de Montréal, tout individu, contractuel inclus, oeuvrant auprès d’élèves mineurs ou se trouvant en contact régulier avec eux devra fournir avant embauche un document de vérification de ses antécédents judiciaires, en s’adressant exclusivement à l’une des quatre firmes retenues par la Commission, et ce au coût de 80 $. Il s’agirait, conformément au souhait du gouvernement du Québec, d’établir « si le demandeur [en l’occurrence, l’écrivain ou l’artiste invité] aurait été condamné ou mis en accusation pour une infraction criminelle ou pénale, de [vérifier] également s'il a déjà fait preuve d'un comportement faisant craindre pour la sécurité physique ou morale des personnes sous sa responsabilité ».
Soyons clairs : nous parlons de présentations d’une durée d’environ une heure, au cours desquelles les écrivains et les artistes ne sont jamais laissés seuls avec les jeunes, puisque au moins un professeur titulaire est tenu d’y assister.
Alors que redoute-t-on au juste?
Certes, nul n’est contre la vertu. Nous sommes pleinement conscients de la nécessité de protéger nos enfants contre les prédateurs sexuels en cette ère où la pédophilie passe, dans certains cercles, pour l’expression du nec plus ultra de la sensibilité esthétique. Il nous apparaît cependant inacceptable, dans notre système judiciaire qui repose sur la présomption d’innocence, que l’on contraigne des individus à prouver qu’ils ne sont pas coupables de crimes dont on n’ose les accuser formellement.
Il faudra un jour en arriver à aborder le sujet de la pédophilie sans sombrer dans la banalisation et sans non plus enfourcher le destrier des défenseurs puritains de la morale publique. En attendant, nous nous insurgeons contre l’idée que l’on fasse porter le fardeau de la preuve à des écrivains et à des artistes pourtant inscrits dans un programme relevant de l’État, qu’on les ostracise avec une forme inédite de la présomption de culpabilité. Si vraiment quelques fonctionnaires en croisade estiment les jeunes en danger, qu’on instaure un formulaire de plus par lequel les écrivains et les artistes consentent à ce que le ministère de l’Éducation et le ministère de la Culture se chargent conjointement de confirmer qu’ils ont été « approuvés judiciairement ».
Ou alors qu’on équipe nos écoles d’énormes ballons blancs, capables de détecter le degré de culpabilité de ceux qui y entrent…
Plusieurs auteurs s'y oppossent...
01 décembre 2009
Le Discours sur la tombe de l'idiot
Je n’avais jamais entendu parler de ce roman publié en France par les éditions José Corti. Il vient de gagner le prix du Gouverneur Général dans la catégorie romans et cela a piqué ma curiosité.
Au Salon du livre de Montréal, le 4e de couverture m’a accroché.
Ça commence ainsi: « Scandalisés par l'idiot du village, le maire de Chester et son adjoint conspirent sa mort. Un matin de printemps, les deux hommes l'enlèvent et vont le jeter dans un puits. Or, au bout de trois jours, l'idiot se remet à crier du fond de sa fosse.
«Un village comme ici c'est pas une place pour les intrigues», mettent en garde les habitants de Chester. Dès les premières pages du Discours sur la tombe de l'idiot, le lecteur connaît tous les éléments du crime qui vient troubler ce village sans histoire. L'intrigue policière ainsi jugulée, le roman repose principalement sur le génie de l'accusation et du leurre, c'est-à-dire sur les efforts déployés par le maire afin de désigner un coupable et ce, tout en s'assurant le silence de son complice qui menace de s'effondrer sous le poids du remords...»
Cela suffit pour me donner envie de l’acheter, de le lire. La culpabilité est l’un des thèmes de mon prochain roman.
Dans Le Discours sur la tombe de l’idiot, on ne sait pas où l’action se situe : un village nommé Chester, sans plus de précision. Les descriptions et l’écriture font penser à la campagne française, mais quelques rares éléments québécois surgissent dans les dialogues : comme une piastre. Ce n’est pas important.
Il y a cette utilisation du plus-que-parfait, qui repousse le récit dans le passé. Qui lui donne son souffle, son amplitude.
La vie à la campagne est bien rendue : les villageois s’observent et redoutent les étrangers, les ragots. Les personnages sont tous au rendez-vous : le maire, la pute, l’ouvrier agricole, le paysan, l’aubergiste, le curé, le berger, le laitier et l’idiot. Bien sûr, ce n’est pas un roman policier, cela en emprunte plus l’ambiance que la technique. Mais il y a meurtres, suspects, police et hypothèses. Il y a surtout un climat, une grande maitrise de la langue et un découpage savant, plein d’ellipses, qui donne le ton. Une réussite, donc, par une jeune auteure, Julie Mazzieri, qui signe là son premier roman.
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