Photo: Marcel Marian
Je viens de passer plusieurs jours dans différentes écoles et j’avoue que j’ai parfois un doute. Pourquoi je fais ça ?
Pour l’argent, direz-vous. Vous n’avez pas tort, mais ça ne suffit pas.
Pour faire connaître mes romans ? C’est un peu vrai aussi.
Mais encore ?
Il est stimulant de parler littérature, romans policiers, nouvelles, écriture, édition et inspiration avec des jeunes. Ça, c’est la théorie.
Dans la pratique, les élèves n’ont pas toujours lu vos livres (une fois sur deux). Ils savent à peine qui vous êtes et se demandent si le métier d’écrivain rapporte beaucoup de $.
Dans la pratique, les élèves d’une classe de secondaire 3 éclatent tous de rire lorsque je leur demande ce qu’ils pensent de la lecture.
Dans la pratique, les élèves ne font toujours pas la différence entre l’écrivain en face d’eux et un clown.
Dans la pratique, un atelier d’écriture de nouvelles se révèle être une expérience suivie par 50 % des adolescents. Les autres sont trop gelés ou s’en foutent, car l’exercice n’est pas noté. Quant à l’orthographe des textes, je n’ose même pas vous en rapporter l’horreur.
Dans la pratique, je donne trois représentations intenses par jour, devant un public moyennement captif.
Mais dans la pratique, il y a aussi de très beaux moments, des questions intelligentes, des élèves qui veulent lire tous mes autres livres, des enseignant(e)s archi-impliqués, des jeunes de primaire 5 et 6 qui se pointent en classe avec des bouquins plus épais que le dictionnaire et des applaudissements pour ma pomme.
Alors, la théorie et la pratique se rejoignent parfois et c’est tant mieux. Mais j’aimerais bien que ça arrive plus souvent.