25 juin 2019

Journal de ma francophonie #9 – Collège Durocher (Saint-Lambert)


Lundi 27 mars 2017 – Collège Durocher – St-Lambert
Je suis invité dans ce collège privé depuis trois ans pour y présenter ma trilogie de science-fiction pour adolescents : Les Voleurs. Je rencontre toutes les classes de secondaire 1: 14 au total, en cinq jours. Dans le premier groupe, je remarque qu’ils lisent tous et toutes, de gros bouquins. Je m’approche d’une élève qui transporte un roman particulièrement volumineux: un ouvrage de Stephen King… en anglais. Le professeur m’explique que le nombre d’anglophones qui viennent étudier en français augmente sans cesse. Ce qui semble une bonne nouvelle pour la francophonie. Tous les élèves peuvent étudier en français au Québec. C’est pour étudier en anglais que ça devient compliqué, en vertu de la loi 101. L’enseignant m’apprend aussi que de plus en plus de jeunes parlent anglais à l’école, au détriment du français, justement.
Le danger guette sans cesse. Combien de générations cela prendrait-il pour que Saint-Lambert devienne anglophone? Sûrement pas plus que trois.
Je continue ma présentation et, comme d’habitude, les élèves ignorent ce qu’est une utopie. Quelle tristesse de penser qu’un des plus beaux mots de notre langue leur est inconnu. Mais il y a tant de choses qu’ils ignorent. Edward Snowden? Un élève sur 34 en a entendu parler. Ils ne lisent pas les journaux. Ne s’intéressent pas à la politique. Pourtant, ils semblent curieux, allumés, ouverts. Mais leur culture tourne en rond. Ce pourrait-il que leurs parents ne discutent jamais de l’actualité devant eux? Ça en a l’air.
Je me souviens d’un professeur d’histoire au lycée, qui nous faisait étudier les socialistes utopiques: Saint-Simon, Fourrier et ses phalanstères… Bien sûr, rien n'est comparable. Aujourd’hui, on envisage plutôt d’instaurer des cours d’économie personnelle dans les collèges. C’est triste et symptomatique de notre époque. Au diable les utopies, place aux REER!

Mardi 28 mars 2017 – Collège Durocher – St-Lambert
Je fais mes présentations dans la salle de lecture de la bibliothèque du pavillon des 1ères et 2èmes secondaires. C’est un lieu superbe, avec des boiseries, un plancher verni, de grandes fenêtres. Lorsque j’arrive le matin, des dizaines d’élèves sont installés pour lire. Ils prennent vite des livres quand la cloche sonne. Trois bibliothécaires travaillent ici à plein temps. Une moyenne de 2000 livres est empruntée chaque mois, autant par des garçons que par des filles. À chaque récréation, l’espace se remplit. Les lecteurs et les lectrices fourmillent et c’est beau à observer. On ne peut que se réjouir de cette passion livresque.
Quel contraste saisissant avec la bibliothèque du collège Jeanne-Mance, quasi à l’abandon faute de moyens et de personnel. Un déséquilibre désolant entre les écoles publiques et privées, qui sont subventionnées à 75 % par nos impôts. Cherchez l’erreur.


Un peu plus tard, au sujet de la langue que nous parlons au Québec, une élève parle de franglais. Elle explique que nous parlons un mauvais français bourré d’expressions incorrectes et qu’on emploie un bon français en France, mais pas ici. Je la corrige, car je ne suis vraiment pas d’accord. Le français employé au Québec est tout aussi valable que celui qu’on parle dans l’Hexagone.
Ça me rappelle l’essai de l’Insolente linguiste (c’est elle qui se surnomme ainsi) Anne-Marie Beaudoin-Bégin: La langue rapaillée, Pour combattre l’insécurité linguistique des Québécois. Elle s’y insurge contre la norme des dictionnaires français de France qui classent certains termes comme régionalisme, voire barbarisme, parce qu’on ne les utilise pas à Paris. Le français vit partout autour du globe. Il s’y est développé des particularismes qui sont autant de richesse, et non le contraire.

À suivre...
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22 juin 2019

Journal de ma francophonie #8 – La bataille des livres (Suisse)


Lundi 10 mars 2017 – Sion, Valais, Suisse – La Bataille des livres
Je suis arrivé à Genève dimanche soir, invité à la Bataille des livres qui se déroule dans toute la Suisse romande durant une semaine. J’y ai retrouvé 18 auteurs de la francophonie: Français, Belges et Suisses. Je suis le représentant québécois.
L’organisation fête ses 20 bougies et tout est huilé. L’accueil est formidable et les auteurs ou illustrateurs présents sont enthousiastes. Certains en sont à leur 5e participation.
Lundi, journée occupée par trois animations à Genève et Satigny. Les élèves sont charmants. Ils ont bien été préparés, ils ont lu le Voleur de sandwichs. Un groupe m’accueille avec des affiches de sandwichs et un énorme gâteau en forme de hamburger. Je roule toute la journée avec Zita, originaire du Valais. Elle est enseignante à la retraite, bénévole depuis longtemps dans cet événement.
Et la francophonie là-dedans? Les Suisses romands sont minoritaires en Suisse, mais la communauté est très vivante et active. La majorité alémanique ne menace pas la langue française, semble-t-il. On est vraiment en présence de deux cultures qui vivent ensemble depuis longtemps, en harmonie.
À Genève, deux classes très multiculturelles, où l’intégration semble aller de soi.
Mes collègues de tournée sont heureux de se trouver là. On échange dans la voiture, au restaurant. On ne nous laisse jamais seuls.
Une vision de la francophonie totalement inédite pour moi.
Un comité sélectionne une trentaine de livres selon 4 niveaux, qu’il propose aux écoles. Les élèves lisent tout ce qu’ils peuvent, puis votent pour leur préféré. Les échanges en classes sont classiques, les questions sans surprise, mais j’ai senti l’intérêt des jeunes, l’enthousiasme des enseignants.
Le français n’est pas mort de ce côté-ci des Alpes.
Se battre avec des livres, quelle drôle d’idée! Le concept a été importé du Québec, il y a 20 ans. Le nom prête encore à discussion, mais il demeure. On ne se jette aucun bouquin à la face; on en discute plutôt. C’est une bataille douce, un échange de mots plutôt que de maux.
Mardi 21 mars – St-Maurice, Valais, Suisse.
Les rencontres avec les élèves suisses se passent vraiment très bien. Ils ont préparé des questions, un gâteau (c’est aujourd’hui mon anniversaire), des dessins, des affiches. Ils avaient même écrit des fins imaginaires à mon album LeNoël blanc de Chloé et organisé un jeu sous forme d’énigme. Ils ont lu plusieurs de mes livres. Ils sont curieux aussi. Très polis également, me serrant spontanément la main pour me saluer.
Les bénévoles qui nous véhiculent sont adorables. Tout est payé, repas compris. À midi, fondue avec les professeurs à Bramois.
On a aussi le temps de discuter avec les autres auteurs. Au déjeuneur, au dîner, au souper, en voiture. La réalité des écrivains jeunesse en France, en Belgique et au Québec semble assez proche. Plusieurs font beaucoup d’animations comme moi. Certains ont un emploi à plein ou mi-temps: gardien de résidence pour personnes âgées, sismologue… On s’échange des impressions, bonnes et mauvaises, sur les éditeurs. L’ambiance est franchement fraternelle et amicale. Je ne sens aucune compétition. Ne connaissant personne, je découvre, je partage. C’est stimulant. J’ai ce sentiment d’appartenir à une vaste famille internationale. La francophonie prend le visage de ces hommes et femmes, très différents, amusants, jamais prétentieux.
Elle devient tangible, palpable et humaine.
Vendredi 24 mars – Genève
La tournée se termine avec une classe de 7H totalement enthousiaste. J’ai encore l’impression d’être une rock star lorsque je signe des autographes. Encore là, les élèves ont lu, étudié, préparé la rencontre. L’enseignante a bien travaillé et tout le monde est heureux. Si ça pouvait toujours être comme ça! On dîne avec deux professeures, qui m’invitent. Pas de reçu, pas de remboursement en vue. Elles paient de leur poche, avec un grand sourire. Cela fut ainsi les cinq jours. J’apprécie grandement. Mes accompagnatrices me répètent que c’est normal.
La même question revient: «Où trouve-t-on vos livres?» Le Voleur de sandwichs des éditions La Pastèque est très bien distribué en Europe francophone. On peut aussi acheter Le Noël blanc de Chloé, publié chez Grasset Jeunesse, et On aurait dit republié chez Le Seuil jeunesse. Pour les autres, les professeurs ont tenté leur chance sur Amazon ou à la Fnac, mais les délais de livraison de plusieurs semaines lesont découragés — quand les livres sont disponibles.
La francophonie littéraire est ainsi, cloisonnée. Le protectionnisme français nuit au Québec. Seule évolution: une enseignante dont les élèves sont de grands lecteurs a décidé d’acheter la version numérique des Voleurs de mémoire et le lit en classe à ses lecteurs. Ils adorent ça.
La technologie était très peu présente dans les classes que j’ai visitées. Pas de tablettes en vue. Les élèves travaillent et lisent de manière classique, avec du papier, et ça fonctionne à merveille.

En discutant, je découvre le système suisse et ses quatre langues officielles: français, allemand, italien et romanche. Cette dernière serait en train de disparaître avec ses locuteurs vieillissants. Le cas de l’allemand est intéressant, car les Romands l’apprennent à l’école, mais cette langue n’est pas vraiment pratiquée en Suisse allemande où, selon son comté, on utilise un dialecte alémanique souvent incompréhensible par les habitants de la vallée suivante. La langue dominante est donc une langue d’usage sans avoir un réel pouvoir. La francophonie côté Suisse semble avoir de beaux jours devant elle.

Prochain épisode : retour au Québec avec le collège Durocher

19 juin 2019

Journal de ma francophonie #7 – North Bay et Verner + école Jeanne Mance de Montréal


6 et 7 février – North Bay et Verner
Mes 6es et dernières visites se sont presque bien passées. À North Bay, les élèves ont corrigé selon mes commentaires et ensuite, on a pris les temps de lire chaque nouvelle devant toute la classe. Écoute attentive des 4 textes. Le temps file et j’ai à peine le temps de leur demander si la francophonie est importante pour eux. Deux réponses avant la cloche: «Oui, pour avoir un meilleur emploi», et «Oui, car je ne parle pas anglais.» J’aurais aimé avoir le temps d’approfondir… Combien parlent en français chez eux? La majorité, mais pas l’unanimité.
À Verner, le mauvais temps a fait annuler le ramassage scolaire. Faute d’autobus, il n’y avait que trois gars en classe. On a corrigé ensemble, mais ça manquait de motivation. Heureusement que la professeure avait travaillé avec eux avant ma visite.
Au final, je repars avec 7 nouvelles qui vont de 750 à presque 2000 mots. L’étape de la correction aura été la plus laborieuse. Les mini-tablettes n’ont pas aidé, mais pour des élèves de 7e et 8e années, le niveau est loin d’être bon.
Pourtant, je suis sûr que mon travail aura servi – très modestement.

Mercredi 22 février – école Jeanne-Mance — Montréal
Je viens dans ce collège pour rencontrer une classe de secondaire 2 qui doit réaliser un projet de cinéma, adapté de mon roman Où est Agota? C’est ma première animation ici, alors que j’habite à 10 minutes. Lorsque nos enfants étaient jeunes, Jeanne-Mance avait une réputation de collège tough, dans un quartier défavorisé. En conséquence, un grand nombre de parents (dont je fais partie) a envoyé ses enfants dans des collèges privés montréalais. Au Québec, le système mis en place depuis longtemps fait en sorte qu’un tiers des élèves va suivre son secondaire au privé. C’est dramatique pour le service public.
Ce jour-là, bêtement, je m’attends à découvrir un groupe d’adolescents agités et c’est tout le contraire qui se produit. Ils ont commencé à lire mon livre. Ils sont très attentifs, posent plein de questions. Bref, une très chouette rencontre.
À la fin, il arrive se moment magique qui parfois se produit. Un ou deux élèves attendent que les autres soient partis pour venir me parler. C’est à cet instant privilégié qu’on m’avoue être en train d’écrire des poèmes ou un roman, qu’on me demande des trucs pointus. L’élève qui se présente me pose une question précise sur mon livre, puis m’explique qu’il l’a lu d’une traite, en deux jours. Velours pour l’auteur qui a mis deux ans et demi à écrire ce roman.
Je dois revenir en avril, lorsqu’ils auront écrit deux scènes adaptées de mon histoire. J’ai très hâte de découvrir ça.

Prochaine étape : la Suisse !

15 juin 2019

Journal de ma francophonie #6 – Nord Ontario + Montréal


23 et 24 janvier 2017 – Nord Ontario
L’avion qui me ramène de North Bay à Toronto n’est comme souvent occupé que par une douzaine de voyageurs. Je songe à tout ce que cela coûte de m’envoyer là pour passer quelques heures avec des élèves qui ne se doutent évidemment pas de l’investissement que mes visites représentent.
Hier à North Bay, nous avons commencé la correction des textes et le contraste avec ce que j’ai vécu la semaine précédente au Québec m’a frappé de plein fouet. Je suis avec des Franco-ontariens. Nombre d’entre eux parlent anglais à la maison. Leur professeure me dit qu’ils perdront leur culture si ça continue ainsi. Que faire d’autre que de résister et de parler, de lire et d’écrire en français? Résistance vaine ou salutaire? À voir leurs écrits, mon optimisme habituel bat de l’aile.
Ce matin, sur la route 17 qui me menait à Verner, j’écoutais La Matin du Nord, l’émission de Radio-Canada. Je mesure son importance capitale. Les informations locales en culture, politique, économie et sports sont essentielles à la communauté francophone du nord de l’Ontario. J’écoute des groupes du coin. Quand on repasse aux nouvelles nationales qui indiquent du mauvais temps à Montréal, je me mets à la place des habitants de Verner qui doivent écouter cela avec distance. Au retour de l’émission, la présentatrice ne manque pas de lancer une petite pique, soulignant gentiment que le Québec n’a pas le monopole des tempêtes de verglas.
Coincée au milieu d’une plaine, Verner a préservé sa culture francophone. Alors oui, ma venue ici sert à quelque chose. C’est une goutte d’eau dans un océan anglophone, mais elle joue son rôle. Mon optimisme se ragaillardit.

Lundi 30 janvier 2017 – Montréal
Dans Le Devoir, je lis un article sur la situation du français au Canada. Rien pour nous rassurer. Intitulé «Le français reculera comme langue maternelle d’ici 2036», il s’appuie sur un document de Statistiques Canada qui dans ses Projections linguistiques pour le Canada de 2011 à 2036, prévoit que «le poids démographique de la population de langue maternelle française au Québec devrait passer de 79 % en 2011 à une proportion oscillant entre 69 % et 72 % en 2036.»
Les chiffres sont sans pitié. «À l’échelle canadienne, cette proportion devrait chuter de 21,3 % en 2011 à un taux se situant entre 17 % et 18 % en 2036.»
Comment remédier à cet état de fait? Ce que je pressens dans mes classes ontariennes s’écrit noir sur blanc: «La précarité du français à l’extérieur de la Belle Province est aussi inquiétante: la proportion de francophones hors Québec devrait passer de 3,8 % en 2011 pour s’établir à environ 2,7 % en 2036.»

Cela me fait penser à cette enseignante rencontrée lors d’une tournée Lire en tête (une autre belle initiative organisée par Communication Jeunesse pour faire rayonner la littérature québécoise partout au Canada.) Ça se passait à Winnipeg et elle m’avouait s’être inquiétée que ses deux filles se marient avec des anglophones. On le sait bien, les mariages mixtes tuent la culture minoritaire, ce qui est le cas pour les Franco-manitobains qui représentent moins de 3 % de la population. Son aînée s’était mariée avec un francophone et la famille soufflait à moitié mieux.
Mais à part se reproduire entre nous et favoriser l’immigration francophone, que faire? Dans un autre article du Devoir (mon journal préféré, vous l’aurez compris): Le cégep de New York, Jean-Benoit Nadeau avance une idée intéressante. «Ce qui fait cruellement défaut, c’est une politique — la loi “202”? — qui partirait du principe que, pour bien protéger le français au Québec, il faut aussi le porter ailleurs: dans nos politiques éducatives, de communication, nos politiques culturelles, à travers l’action des entreprises, partout et en tout. La meilleure défense, c’est l’attaque.»

Ainsi donc, plutôt que de jouer aux chiens battus, on deviendrait proactif, allant jusqu’à l’ouverture d’un cégep à New York! Je le cite encore: «Bref, il est vital que le Québec se donne un “Plan Amérique”, pour mieux exploiter sa principale ressource naturelle, qui n’est pas l’hydroélectricité, mais le français. Il y a, sur le continent, 33 millions de francophones — quatre fois la population du Québec. Nous leur parlons peu ou mal, parce que nous imaginons le français comme une petite chose en perdition alors qu’il s’agit de la troisième langue internationale. Ce qui nous place dans la situation absurde où nous subissons la mondialisation, alors qu’elle devrait être notre premier tremplin collectif.»
La solution, loin d’être bête, serait donc là: francophones d’Amérique, unissons-nous! La vitalité de cette approche me séduit. Je vais y travailler à mon humble mesure.

À suivre…

12 juin 2019

Journal de ma francophonie #5 – École du Plateau de Montréal + PGLO


16, 17 et 18 janvier 2017, École du Plateau à Montréal
Je suis là trois jours pour animer des ateliers d’écriture de nouvelles policières avec des jeunes de 6e année de primaire. Je connais bien cette école située au milieu du parc La Fontaine, car j’habite à cinq minutes de là en vélo et aussi parce que j’y suis déjà venu faire des présentations. L’idée de ces ateliers est née de ma dernière visite en 2016.
Après une courte introduction, je donne aux élèves un thème sous forme d’incipit en lien avec la météo ou leur école: «La tempête de neige venait juste de commencer…» par exemple. Ils écrivent en groupes de deux ou trois. Ça démarre aussitôt. Ils sont enthousiastes. Tant mieux, car ils n’ont que deux heures pour venir à bout de leur histoire. Très vite, je me rends compte qu’ils sont très bons.
Avec une feuille de papier, un crayon à mine et une gomme à effacer, ils écrivent vite et très bien. Leur vocabulaire est excellent, sans recourir à un dictionnaire: «prendre la poudre d’escampette», «filer à l’anglaise», «sur ces entrefaites»… C’est remarquable. Les nouvelles dépassent mes attentes. Les groupes suivants seront à peine moins bons, mais ça demeure un haut niveau.
Une professeure m’explique que les classes sont organisées par type d’instruments, puisque nous sommes dans une école avec un programme en musique. Il y a le piano, les vents et les cuivres. Bien sûr, ça se retrouve dans leurs récits, où l’on parle de l’Alléluia de Haendel, de l’opéra Carmen, de contrebassistes et les personnages se nomment parfois M. Glockenspiel.
Sandra, l’enseignante de la classe avec les joueurs de piano, m’explique que ceux-ci (en réalité trois garçons pour douze filles) seraient les «meilleurs», car leur instrument implique un travail solitaire, concentré. Les vents fonctionnent davantage en groupe discipliné, l’intensité sonore de leurs instruments jouant sur leur énergie. Théorie intéressante à creuser.
L’école du Plateau est publique, mais les élèves sont sélectionnés pour y entrer, à partir de la 2e année. Ainsi, bien sûr, le niveau s’en ressent. Malgré tout, voir ces enfants écrire avec tant de plaisir et de talent, c’est rassurant sur l’avenir de notre francophonie. Évidemment, pour en arriver là, ce sont de grands lecteurs. L’épaisseur des bouquins sur leurs pupitres en témoigne.

20 et 21 janvier 2017, École secondaire PGLO, Outremont.
Grosse semaine fatigante, mais intense et gratifiante. Je rencontre cette fois des élèves de 2e secondaire, qui ont lu mon polar pour adolescents: Où est Agota? Encore une fois, la qualité de l’enseignante Kathleen fait la différence. Ils sont préparés et motivés. Les questions fusent. Certains ont avoué à leur professeure que c’était la première fois qu’ils finissaient un roman. J’ai la chair de poule en entendant ça. Je leur parle de mon parcours, de mes échecs, de ma décision de quitter la publicité pour devenir écrivain à plein temps, du roman policier, de ses règles et de ses difficultés. Le temps file, encore une fois.
Après deux jours à leur étage, ils me saluent tous dans le couloir et j’ai l’impression d’être une rock star. Quand je leur parle d’une éventuelle série télévisée tirée du livre, leurs yeux s’allument et les miens aussi en retour.
Le vendredi midi, je rencontre par hasard Jean-Marc Piché, le réalisateur avec qui je travaille sur cette fameuse adaptation. Je prends ça pour un bon signe. Je le raconte à la classe suivante.
Je reçois un courriel le soir même de Kathleen: «Un petit mot pour vous remercier de votre présence hier et aujourd’hui à l’école PGLO.  Les élèves étaient très heureux de faire votre connaissance. Moi aussi… Nous souhaitons très fort que votre projet de suite télévisée d’Agota se réalise. Il y a, à l’école, plusieurs téléspectateurs potentiels qui attendront avec impatience la concrétisation de ce projet. Sans pression.»
Que demander plus à la vie?
Je repars dimanche matin en Ontario.

À suivre…

09 juin 2019

Journal de ma francophonie #4 – Mirabel + North Bay et Verner


Jeudi 8 décembre 2016 – bibliothèque de Mirabel (Québec)
Je rencontre deux classes de 3e année de primaire, l’une après l’autre. Les élèves ont lu mon album Aux toilettes, illustré par Pierre Pratt. Ils sont attentifs, posent des questions. Je ne suis pas là pour leur apprendre à lire ni à écrire, mais je leur raconte l’histoire de mes livres: comment on trouve des idées, comment on les transforme en histoires et comment celles-ci deviennent-elles des livres. J’espère leur donner envie de lire. Je démystifie. J’essaie, en tout cas.
Au début de la deuxième rencontre, j’explique que c’est ma première visite chez eux et, par curiosité, je leur pose une question (dont moi-même j’ignore la réponse) :
— Comment appelle-t-on les habitants de Mirabel?
Une main se lève aussitôt et la réponse fuse:
— Les Français!
Les adultes rient, les enfants proposent d’autres noms:
— Les Canadiens!
— Les Québécois!
C’est un jeu et ils veulent tous gagner.
— Les Montréalais!
— Non, les habitants de Mirabel, pas de Montréal.
Deux garçons veulent prendre la parole. Écoutons-les:
— Les Mirabeliens?
Leur professeure secoue la tête. C’est au tour du petit voisin:
— Les Mirabellois!
Bonne réponse, confirme une professeure.
Les propositions ont été éclairantes, amusantes et spontanées (dans le désordre). Ils auront appris un autre mot de vocabulaire (et moi avec), mais une chose est sûre: leur français est bon, vivant, sûrement pas menacé.
Vu d’ici, le péril anglophone semble lointain.

Ça me rappelle une visite à l’école Zénon Soucy de Matane, en Gaspésie. L’originalité du nom m’avait intrigué et j’avais alors demandé à l’enseignante qui était celui qui avait ainsi donné son nom à l’école. Elle l’ignorait.

12 et 13 janvier 2017, North Bay et Verner
Retour en classe après plus d’un mois d’absence. On plonge dans l’écriture pure et le retour à la réalité est impitoyable. Cette étape me décourage chaque année, car lire des phrases où la syntaxe, le vocabulaire et la logique sont à ce point malmenés, c’est à douter d’une issue correcte de l’exercice.
J’ai commencé mes deux journées avec une présentation où j’explique que mes propres textes – en l’occurrence ici mon roman jeunesse Lâchez les chiens! – sont le fruit de multiples échanges avec l’éditeur et le réviseur. La qualité finale dépend de celles des commentaires qui me sont donnés et auxquels je réponds en réécrivant encore et encore. Je suis donc bien placé pour ne pas me décourager à la place des élèves. Ils (je devrais dire elles, car les filles sont majoritaires) semblent plutôt confiants et je les encourage, même si certaines découvertes me démoralisent. «La langue francophone» existe-t-elle vraiment?
Ils écrivent sur des mini-tablettes avec un clavier intégré à leur petit écran. C’est tout sauf pratique et beaucoup de temps est perdu à gérer cet outil ridicule et inadapté. Ils utilisent le correcteur de texte au pif, choisissant souvent une orthographe sans réfléchir. La machine ne peut pas se tromper, c’est bien connu. Il leur faudrait surtout un clavier à part, ou encore plus simple et moins cher: un cahier avec un crayon à mine et une gomme à effacer.
La technologie n’apporte pas grand-chose ici, sauf de pouvoir accéder à des jeux pendant la classe, ce dont ils ne se privent pas.

À suivre…
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07 juin 2019

Journal de ma francophonie #3 – North Bay + Verner + Toronto


Jeudi 1er décembre 2016, au bar du Crown and Beaver Pub (North Bay)
On a passé du temps à installer Word online pour que je puisse y accéder. Ça semble fonctionner. Une fois les élèves placés, une professeure venue donner un coup de main pour l’informatique fait remarquer qu’il leur suffirait de dicter leur texte au logiciel, pour qu’il l’écrive à leur place. Étrange proposition et bien mauvaise idée pour apprendre à écrire. Mais à l’heure de l’intelligence artificielle, que faire de toutes ces règles de grammaire désuètes et inutiles?
Je leur ai parlé d’incipit, sans grande réaction. Je leur ai lu deux très courtes nouvelles tirées des Chroniques martiennes de Ray Bradbury. J’ai découvert ce livre quand j’avais leur âge, en France, grâce à une jeune professeure qui adorait la SF. J’aime la simplicité de ces histoires. Ça vieillit très bien, je pense, mais les élèves n’ont pas réagi à ma lecture, comme s’ils n’avaient rien compris.

«C’est le brouillon, monsieur!» Oui, bien sûr, on corrigera plus tard. Leurs niveaux sont plutôt bons, car ils ont été sélectionnés pour participer aux ateliers. La logique aurait voulu que toute une classe, sans sélection aucune, écrive des histoires. Le but est d’améliorer leur français, à tous et toutes. Mais je n’ai aucun contrôle là-dessus - chaque professeure décide.
L’anglais leur vient plus naturellement pour s’expliquer. Où en sera le français dans 20 ou 50 ans? Il existe près d’un million de francophones en Ontario, mais combien de parents le parlent-ils chaque jour avec leurs enfants?
Je leur explique que leur texte ne devra pas dépasser 2000 mots. Vu la complexité de certains plans, ça va être dur de se limiter. Mais ils sont là pour écrire; on avisera en temps utile.

Vendredi 2 décembre 2016, Verner (Ontario)
Mon emballement des deux premières visites se refroidit devant la réalité de leur prose. L’écriture les place au pied du mur. Certains bloquent littéralement devant la page vide. Elle n’est pas blanche, car ils écrivent sur leur tablette. Je m’assieds avec chaque groupe et passe plus de temps avec celui ou celle qui tournent en rond. J’explique l’utilité de rajouter des adjectifs, des descriptions, des détails. Il faut décoller du simple synopsis. On veut plus qu’une série de faits. On doit voir le film de leur imagination, que les images jaillissent grâce à leurs mots. Ils comprennent vite et se remettent à l’ouvrage, même si ça leur demande un effort.
La récompense arrive à la fin de la période, en voyant certains présenter à leur professeure les six lignes qu’ils ont pondues. Leur visage rayonne de fierté. C’est clairement un exploit pour eux. Marie-Josée sourit. J’ai gagné ma journée.
La matinée passe très vite. On doit finir une demi-heure plus tôt, car ils reçoivent la visite des pompiers venus chercher le gros chèque de l’argent collecté pour des paniers de Noël.
Je repars en écoutant Marie-Chantal Toupin et Bobby Bazini sur Le Loup FM, La voix du Nord.


Vendredi 2 décembre 2016 – Escale à Toronto
Je relis La Chute d’Albert Camus pendant mon voyage. J’ai parfois l’impression d’être comme ces jeunes qui butent sur des vers du Corbeau et du renard.
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois.
Ou ce début de fable bien connue:
Autrefois le Rat des villes
Invita le Rat des champs
D’une façon fort civile,
À des reliefs d’ortolans.
Jean de La Fontaine peut parfois paraître compliqué à déchiffrer pour les lecteurs et les lectrices d’aujourd’hui (il faut bien sûr relativiser, car on publie en France beaucoup de poésie classique).
Moi aussi, je trouve parfois le roman de Camus un brin ardu. Bien sûr, cela exige plus de concentration qu’un gazouillis, mais il y a aussi la façon de dire et de penser qui a évolué. Le vocabulaire m’est inconnu par bouts. Les références vieillissent, mais la longue escale de Toronto m’a donné le temps de passer au travers. J’adore ce roman.

À suivre bientôt...
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03 juin 2019

Journal de ma francophonie #2 – North Bay (Ontario) + Mandeville (Lanaudière)


Deuxième étape: North Bay (Ontario) – 24 novembre 2016
Une tempête de neige a commencé. Les autobus scolaires sont en retard.
L’école est grande (750 élèves) à la dimension de la ville (53 600 habitants).
Je refais mon topo de la veille devant un groupe de 16 jeunes sélectionnés pour ce projet. Ils forment quatre groupes; certains sont visiblement gênés. Les tablettes leur servent alors de refuge. Tout le monde s’y met, chacun à son rythme.
Un jeune garçon semble avoir du mal à communiquer avec deux gars qui parlent avec assurance. Sa voisine aussi est gênée. Le garçon ne prend pas de pause; il tape sur sa tablette. Quand le professeur lui demande ce qu’il fait, il lit les lignes qu’il vient d’écrire. Il y a là plein de bonnes idées. Il semblait en dehors du groupe, il y participait en plein, à sa manière. Sa lecture lui permet de se fondre dans son équipe.
J’ai repris le plan classique qu’on propose au Québec pour un récit: situation initiale, élément déclencheur, péripéties, dénouement et situation finale. Plusieurs élèves viennent me demander ce qu’est une péripétie.
Dans cette école, on sent davantage l’anglais. À la première occasion, les jeunes parlent entre eux en anglais. Leur vocabulaire est d’abord anglais. J’apprends avec eux que strawberry blond ne signifie pas blond fraise. Ils parlent des scientistes...
Tout le monde s’instruit.
Le facteur neige est sensible. Il y a de l’électricité dans l’air. Le niveau sonore augmente, mais ça reste supportable. Je suis là pour les amener à écrire une bonne nouvelle en français, pas pour faire la discipline.
Je repars à 11 h 30, mon avion décolle à 13 h 30. J’ai l’impression de n’avoir rien fait.

Tout ces transports, avions, taxis, voiture et hôtel, pour quelques mots jetés sur des feuilles volantes. Ont-ils appris quelque chose, à part «sens de l’orientation», «lamproie», «blond vénitien» et bien sûr «péripétie»? C’est dérisoire, mais une langue se construit ainsi, par petites touches. J’aurais aimé leur transmettre plus, mais comment faire en deux heures, avec seize adolescents excités par les flocons qui tombent? Je me dis que la prochaine fois, je leur lirai une histoire. Pas une que j’ai écrite, mais une nouvelle de Ray Bradbury, de Dino Buzzati ou d’Isaac Asimov.
Dans l’avion, je bois un verre de vin blanc. C’est gratuit sur Porter Airlines.

Samedi 26 novembre 2016 – Mandeville (Lanaudière)
Retour au chalet pour la fin de semaine. Il ne se passe pas une journée sans qu’on parle de la langue française dans les médias québécois. C’est toujours sain et rassurant, mais souvent agaçant, redondant. Ce week-end se déroule le sommet de la francophonie à Madagascar, alors les nouvelles se multiplient. Je commence à archiver tous les liens qui traiteront de ce sujet. Ça démarre vite.
Je vis à Montréal depuis octobre 1992 et cette lutte quotidienne me fascine. L’existence même du peuple québécois est un miracle et je me plais à le répéter aux élèves lors d’une animation que je donne sur la science-fiction et le Québec du futur. Quand je leur demande quels sont les éléments caractéristiques de notre province vis-à-vis du reste du monde, ils me répondent invariablement d’abord la poutine, puis les quatre saisons, le sirop d’érable, l’hiver, l’accent. Le français arrive ensuite, et encore, je dois parfois insister pour qu’ils y pensent. Voyagent-ils assez? Sont-ils déjà sortis de leur village ou de leur quartier? Pas tous.
Une enseignante de l’école primaire Montcalm dans le quartier St-Michel, au nord de Montréal, m’expliquait que le boulevard métropolitain représentait pour ses élèves une frontière qu’ils ne franchissaient presque jamais. Ceux qui, comme moi, venaient d’au-delà, arrivaient d’un ailleurs mystérieux. J’ai passé trois mois dans cette école avec des jeunes d’origine haïtienne, marocaine, chinoise, péruvienne, russe et même des pures laines. Ils se connaissaient depuis la maternelle et parlaient tous un excellent français. Nous avons réalisé un recueil de textes qui plongeaient dans l’histoire de leur quartier, jusqu’à 50 ans en arrière. Fascinant. À défaut de les faire voyager loin, je les ai emmenés dans un passé qui leur semblait souvent très reculé.
 À suivre...
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01 juin 2019

Journal de ma francophonie #1 - intro + Verner (Ontario)



Introduction
En janvier 2006, j’ai pris trois mois de congés sans solde pour écrire. Je devais travailler sur un projet de roman-feuilleton, j’avais besoin de temps et de concentration. J’ai donc quitté l’agence de publicité où j’étais concepteur-rédacteur pour me concentrer sur ma fiction.
Fin mars, j’avais bien avancé, mais je voulais que cela continue, j’ai alors donné ma démission pour me retrouver travailleur indépendant. Mon revenu a été coupé par trois, mais je n’ai jamais regretté. Je suis devenu un vrai écrivain à plein temps.
Comme j’écrivais des livres pour les jeunes, je me suis fait connaître pour donner des ateliers. Il existe au Québec un programme intitulé La Culture à l’école, où je me suis inscrit, y proposant des animations pour les écoles primaires et secondaires, autour du roman policier.
Dix ans plus tard, mes animations scolaires sont ma principale source de revenus. J’ai appris ce nouveau métier en improvisant, mais je l’aime et j’en suis fier. Je me sens utile.

Pendant l’année scolaire 2016-17, mes ateliers m’emmèneront du Québec en Ontario, et de la Suisse au Yukon, en passant par la France.
J’ai eu envie d’écrire le journal de ce périple vu de l’intérieur, au cœur des communautés francophones du Canada et de l’Europe, en me posant des questions simples. Comment les jeunes franco-ontariens vivent-ils leur francophonie? Et les élèves québécois? Les Suisses? Parler français au Yukon est-il chose facile? Notre langue est-elle menacée ou a-t-elle encore de beaux jours devant elle?
L’état de la francophonie ne cesse d’alimenter l’actualité québécoise. Avons-nous raison de nous inquiéter ou devrions-nous plutôt nous rassurer en voyant ce qui se passe dans les autres provinces canadiennes?
Je veux répondre simplement avec des exemples concrets tirés de mon quotidien. Je serai bien placé pour en témoigner, observateur et acteur privilégié.
La contrainte : écrire à chaud, le soir dans ma chambre d’hôtel ou à mon retour à la maison. Tenter de cerner un état de la francophonie vu des écoles primaires et secondaires.

Première étape : Verner (Ontario) – 23 novembre 2016
Je participe depuis 4 ans au programme auteurs-écoles du ministère de l’éducation ontarien. Chaque année, on envoie des écrivains francophones aux quatre coins de la province. Il s’agit d’animer un atelier d’écriture de nouvelles de science-fiction, au cours de six visites dans la même classe.
Aujourd’hui, c’est ma deuxième visite à École élémentaire catholique Ste-Marguerite d’Youville à Verner. Le nom français de la ville est Nipissing Ouest.
Je suis arrivé hier en avion depuis Montréal, via Toronto, jusqu’à North Bay. Je loge à l’hôtel 8 Stars, j’ai une voiture louée; tout est très bien organisé. Il faisait froid, je ne connaissais pas les lieux, mais avec mon téléphone intelligent, ça s’est bien passé.
Ce matin, j’ai roulé 60 km jusqu’à l’école.
Mon atelier commence à 9 h. Les cours débutent à 8 h 45 par l’écoute du Ô Canada, suivi d’une prière (nous sommes dans une école catholique) et des annonces du jour. J’attends à la réception. Je sais tout de suite que la ville est vraiment francophone. La secrétaire, les enfants, les professeurs : tout le monde parle très bien français. Après vérification sur Wikipédia en français, j’apprends que Verner est à 63 % francophone. (D’après la version anglaise, « It is the most bilingual community in Ontario, with 73.4% of its population fluent in both English and French. ») Bref, ses 13 300 habitants y parlent beaucoup français.
Le cours débute avec un petit exposé de la tâche du jour : rédiger le plan et la description des personnages. Les élèves doivent écrire leur nouvelle de science-fiction d’ici fin février.
Je suis aidé par le professeure et son assistante. Comme il y a trois groupes formés, on se répartit facilement la tâche. Je pousse les jeunes à concevoir une histoire qui se tient. Logique, mais avec toute la liberté que permet la science-fiction. Sans se consulter, les trois équipes partent sur des aventures en vaisseaux spatiaux. On aura des extraterrestres, des robots méchants, un trou noir, etc. Je ne corrige pas l’orthographe; je réserve cette partie pour l’écriture proprement dite. Je ne veux pas les décourager dès le début. Mais je trouve qu’ils se débrouillent plutôt bien. Ils écrivent sur des tableaux blancs qu’ils photographient avec leur tablette numérique. Ils utiliseront celle-ci la semaine prochaine pour entamer la rédaction.
À 11 h 30, la cloche sonne. J’ai fini mon intervention. Les plans sont bien ficelés, les personnages amusants. Il y a bien sûr des clichés, mais le potentiel est là. Les élèves sont super motivés et moi avec.
Je retourne à North Bay en écoutant ACDC et The Cranberries sur Moose fm. La 17 est une interminable ligne droite.

À suivre...
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