30 octobre 2014

Tourner la page


Les derniers jours ont été intenses en rebondissements au sujet de la fin de La courte échelle. On a découvert la triste réalité concernant la loi fédérale sur les faillites qui bloque nos contrats et permet de les négocier à titre dactif de léditeur failli. Les auteurs sont dépouillés.
Mes droits de 2013 et 2014 ne me seront sûrement jamais payés.
On ne sait pas trop ce quil adviendra des stocks de livres invendus.
On se facebooke, on se courrielise, on sinforme. On spécule. On tourne en rond.
Il reste mes projets non aboutis, prêts pour limpression. Et si le repreneur les laissait dans l'état? Et sil ny avait pas de repreneur? Ou un repreneur que je naime pas?
La ministre de la culture a promis de nous aider. On verra bien.

Jai décidé de tourner la page.
Après une courte période de doute et de découragement, jai retrouvé mon clavier et mes fictions.
Au début de mon parcours dauteur, jhésitais à me définir comme un écrivain. Je trouvais cela prétentieux. Présenter mes bouquins au monde et lui demander de les lire me mettait mal à laise. Mais je ne pouvais pas non plus me retenir dinventer de nouvelles histoires.
Aujourdhui, jassume ma situation : je suis un écrivain de littérature populaire. Jécris des polars et des romans jeunesse. Je sais que personne nattend mon prochain livre, mais quil existe quelque part des lecteurs curieux. Les récentes réactions de quelques éditeurs mont aussi fait le plus grand bien. 

Je lis ces jours-ci lexcellent Manuel décriture et de survie de Martin Page. Ses conseils, témoignages et explications me rejoignent. Ils me rappellent que tous les auteurs connaissent des périodes de doute et de découragement, mais continuent de créer malgré tout. Parce que cest notre bonheur et notre raison de vivre.
Une page à la fois.

09 octobre 2014

C'était La courte échelle


Jai publié mon premier livre en 1999 : un roman noir pour adultes intitulé Accidents de parcours. Je me souviens comme si cétait hier du message sur mon répondeur : on me demandait de rappeler La courte échelle. Jai sauté de joie devant mes collègues de lagence de pub où je travaillais.
Ensuite, je nai jamais cessé de publier avec cette maison dédition montréalaise. Au total : dix romans jeunesse, six romans adulte et deux recueils de nouvelles. Cette semaine devait paraître Les voleurs du soir, qui conclue ma trilogie SF. Javais hâte. Jai travaillé fort sur ce roman de 45 000 mots. Il allait être mon 19e titre à cette enseigne. Ce nest pas rien.
Et puis, les mauvaises prévisions se sont révélées exactes. Mercredi, mon roman La Fonction apparaissait avec dautres à la une du Devoir, accompagné de ce triste titre : La courte échelle tombe de haut. On apprenait dans larticle que tous les employés avaient été licenciés. Léditrice Hélène Derome restait seule à la barre du bateau en perdition.
Nous nen savons pas plus. LUNEQ est sur le cas. Les auteurs sont aux abois. Les rumeurs enflent. Les courriels sactivent. La résistance sorganise.
Que sauverons-nous du naufrage? Les droits dauteur que nous navons pas encore touchés? Le droit de se faire republier ailleurs? Rien? Une partie de cela ?
Il restera une certaine amertume. Un désenchantement.
Pourquoi cette faillite? Tout le milieu de lédition savait que La courte échelle tirait la patte depuis un bout de temps. Des problèmes récents avec deux distributeurs qui ont tiré la plogue sans prévenir ont sûrement accéléré le problème. Mais lon ne sait jamais tout et les temps sont durs pour le livre.
Pour ma part, même si jai publié ailleurs – je sors un album en novembre avec La pastèque – La courte échelle était mon repère, ma base. Jaimais travailler avec ses éditrices, en littérature jeunesse comme en adulte. Je my sentais bien entouré, compris, apprécié. En quinze ans, jy ai grandi.
Il y aura – il y a déjà – une vie après La courte échelle. Mais jaurais préféré ne pas écrire ce billet.