J’ai publié
mon premier livre en 1999 : un roman noir pour adultes intitulé Accidents de parcours. Je me souviens
comme si c’était hier du
message sur mon répondeur : on me demandait de rappeler La courte échelle.
J’ai sauté de joie
devant mes collègues de l’agence de
pub où je travaillais.
Ensuite, je n’ai jamais cessé de publier avec cette maison d’édition montréalaise. Au total : dix romans jeunesse, six romans
adulte et deux recueils de nouvelles. Cette semaine devait paraître Les voleurs
du soir, qui conclue ma trilogie SF. J’avais hâte. J’ai travaillé
fort sur ce roman de 45 000 mots. Il allait être mon 19e titre
à cette enseigne. Ce n’est pas
rien.
Et puis, les mauvaises prévisions se sont
révélées exactes. Mercredi, mon roman La
Fonction apparaissait avec d’autres à la
une du Devoir, accompagné de ce
triste titre : La courte échelle tombe de haut. On apprenait dans l’article que tous les employés avaient été licenciés. L’éditrice Hélène Derome restait seule à la
barre du bateau en perdition.
Nous n’en savons pas plus. L’UNEQ est
sur le cas. Les auteurs sont aux abois. Les rumeurs enflent. Les courriels s’activent. La résistance s’organise.
Que sauverons-nous du naufrage? Les droits d’auteur que nous n’avons pas encore touchés? Le droit de se faire republier ailleurs? Rien?
Une partie de cela ?
Il restera une certaine amertume. Un
désenchantement.
Pourquoi cette faillite? Tout le milieu de l’édition savait que La courte échelle
tirait la patte depuis un bout de temps. Des problèmes récents avec deux
distributeurs qui ont tiré la plogue sans prévenir ont sûrement accéléré le
problème. Mais l’on ne sait
jamais tout et les temps sont durs pour le livre.
Pour ma part, même si j’ai publié ailleurs – je sors un album en novembre avec La pastèque – La
courte échelle était mon repère, ma base. J’aimais travailler avec ses éditrices, en littérature jeunesse comme en
adulte. Je m’y sentais bien
entouré, compris, apprécié. En quinze ans, j’y ai grandi.
Il y aura – il y a déjà – une vie après La
courte échelle. Mais j’aurais
préféré ne pas écrire ce billet.
Je n'ai jamais publié à La Courte échelle, mais comme écrivain, je ne peux m'empêcher de frisonner en pensant à la disparition de cet éditeur. Comme bien des gens de ma génération (j'ai 35 ans), j'ai grandit avec les livres de cet éditeur. Et, au-delà du trou immense dans le domaine éditorial québécois, il y a les auteurs, ces éternels oubliés. Je comprends qu'ils doivent se poser bien des questions en ce moment et vivre de l'incertitude... Je te souhaite, ainsi qu'à tes collègues de La Courte échelle, une résolution la moins douloureuse possible...
RépondreSupprimerUne auteure prise dans le même bateau que vous me disait que la même chose lui est arrivé l'an passé avec un autre éditeur et que les auteurs n'ont jamais vu leurs sous car ils n'étaient pas des «créanciers prioritaires».
RépondreSupprimerY'en aura pas de facile! ;-)
On ne rêve plus. Les nouvelles sont plus précises: http://www.ledevoir.com/culture/livres/421347/la-courte-echelle-mise-en-vente
RépondreSupprimerTerrible !!
RépondreSupprimerAu sujet des droits d'auteur, difficile de comprendre que l'UNEQ n'ait pas vu venir le coup !!
RépondreSupprimerOui, c'est difficile, mais il semble que ce soit la 1ère fois que le cas se présente. Tous les contrats en cours sont donc à réviser....
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