18 juillet 2012

4 lectures et une belle nuit

Mes 4 dernières lectures remarquables:
- Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier. J'ai tout aimé dans ce roman: les personnages, l'histoire, le thème, le style et le procédé narratif. Recommandé à tout le monde.

- Les visages écrasés de Marin Ledun. Un roman noir et implacable sur le monde du travail et ses dérives mortelles. Il y a déjà eu beaucoup d'excellentes critiques, je vous invite à les lire ici, ici, ici aussi.

- La juste part de David Robichaud et Patrick Turmel. Un essai qui se lit tout seul, pour «Repenser les inégalités, la richesse et la fabrication des grille-pains». Édité par Nouveau Projet.

- Pour mes anciens étudiants de l'Université de Sherbrooke: le manifeste de la CLASSE, intitulé Nous sommes avenir. Un peu fourre-tout, un brin racoleur, mais plus énergisant qu'un Guru.

+ Mon plus meilleur film québécois de l'été : Nuit #1

17 juillet 2012

Prolifique, moi ?

Photo prise au Palais de la Regaleira à Sintra, Portugal ©André Marois

Suis-je un auteur prolifique ? Je pose cette question, car on (amis, collègues, journalistes) m’a souvent affublé de ce qualificatif et je l’ai toujours trouvé suspect. Est-ce une qualité ou un défaut ?
Comme si écrire beaucoup, ou plutôt écrire régulièrement dans mon cas, devenait douteux. Peut-on produire et maintenir le niveau ? Je crois que Simenon, Zola et Frédéric Dard étaient prolifiques sans que cela nuise à leur œuvre.
Alors, pourquoi souligner ce trait ? Parce qu’on ne peut pas lire toute ma production ou qu’on ne veut pas? 
Pour revenir à la définition du dictionnaire : Prolifique : Se dit d’un artiste ou d’un écrivain qui produit beaucoup d’œuvres. À partir de combien commence ce «beaucoup» ? Est-ce calculé par année ou pour l’ensemble des publications ? On n’est pas plus avancé. J’ai publié, tous genres confondus, 27 livres en 13 années. Ça donne une moyenne de deux livres par an. Ce n’est pas si terrible. J’écris des polars assez courts, des albums et romans pour la jeunesse et des nouvelles. Je ne fais pas dans le pavé, plutôt dans la briquette. Et les mystères de l’édition font que, parfois, plusieurs bouquins sortent en même temps. Mais pas depuis belle lurette, vous l’aurez remarqué (avec un seul livre à mon palmarès en 2012, je risque de perdre mon appellation).
On associe souvent la prolificité aux lapins. Est-ce que j’écris plus vite que Roger Rabbit ? Ça sonne à mes longues oreilles comme pisse-copie.
Serait-ce moi qui trouve un sens négatif là où il n’y en aurait pas ? Un plombier qui installe un lavabo par jour est-il extraordinaire?
La vérité, c’est que je ne cherche pas mes idées trop longtemps. J’y bosse d’arrache-pied jusqu’à les débusquer. C’est une gymnastique de l’esprit. Ça s’entretient.
La vérité, c’est que j’ai des collègues bien plus productifs que moi. Surtout en littérature jeunesse.
La vérité, c’est que j’ai choisi d’être écrivain à temps plein. Je ne vais pas à la pêche, je ne fais pas la sieste, je travaille. Toutes ces journées sur mon ordinateur ou dans mon cahier, ça finit par se concrétiser.
La vérité, c’est aussi que je me retiens. Comme en ce moment, où je laisse mûrir mes projets.
Alors, suis-je prolifique ? Sûrement. Est-ce mal ? Je pense le contraire.
Il faut lire.

10 juillet 2012

Un goût de rouille et d'os


Je me suis intéressé à ce livre lorsque j’ai appris que Jacques Audiard en avait réalisé l’adaptation. Le fait qu’il s’agisse d’un auteur canadien m’a d’emblée attiré. Encore plus en découvrant qu’il s’agissait d’un recueil de nouvelles : Un goût de rouille et d’os, traduit en français en 2006 chez Albin Michel. L’auteur m’était inconnu : Craig Davidson. Né à Toronto, il vit à Calgary. Il a publié deux autres romans sous ce nom.
Je lis toujours les recueils lentement, une ou deux nouvelles maximum par jour : pour ne pas les mélanger, pour mieux les savourer. Dans le cas de ce livre, le rythme était parfait.
Les histoires traitent de boxe amateur, de combats de chiens, de basket de rue, de misère, d’handicap physique. C’est toujours très précis, technique, percutant et âpre. Ça secoue les tripes. Les scènes de combat font mal au ventre. Les descriptions des chiens qui se déchirent sont terribles. La chute de la nouvelle en question – Un usage cruel – m’a laissé bouche bée. Les descriptions sont ultra précises : pharmacopée, anatomie, coups et blessures. Davidson semble savoir de quoi il parle. À côté de lui, j’ai l’impression d’écrire des romans Harlequin.
J’ai quand même hésité à parler de ce livre à cause de la dernière nouvelle, la plus longue : Précis d’initiation à la magie moderne. La moins réussie selon moi, car elle s’éloigne trop de la réalité des autres.
Le film d’Audiard - De rouille et d’os - est une adaptation de l’histoire intitulée La fusée, où un entraineur d’orque est grièvement blessé, avec des ambiances et des bouts d’autres nouvelles. Mais n’ayant pas vu le film, je ne m'avance pas trop. Il n’est pas encore arrivé au Québec. En attendant, bonne lecture !