Photo: Marcel Marian
Je viens de passer plusieurs jours dans différentes écoles et j’avoue que j’ai parfois un doute. Pourquoi je fais ça ?
Pour l’argent, direz-vous. Vous n’avez pas tort, mais ça ne suffit pas.
Pour faire connaître mes romans ? C’est un peu vrai aussi.
Mais encore ?
Il est stimulant de parler littérature, romans policiers, nouvelles, écriture, édition et inspiration avec des jeunes. Ça, c’est la théorie.
Dans la pratique, les élèves n’ont pas toujours lu vos livres (une fois sur deux). Ils savent à peine qui vous êtes et se demandent si le métier d’écrivain rapporte beaucoup de $.
Dans la pratique, les élèves d’une classe de secondaire 3 éclatent tous de rire lorsque je leur demande ce qu’ils pensent de la lecture.
Dans la pratique, les élèves ne font toujours pas la différence entre l’écrivain en face d’eux et un clown.
Dans la pratique, un atelier d’écriture de nouvelles se révèle être une expérience suivie par 50 % des adolescents. Les autres sont trop gelés ou s’en foutent, car l’exercice n’est pas noté. Quant à l’orthographe des textes, je n’ose même pas vous en rapporter l’horreur.
Dans la pratique, je donne trois représentations intenses par jour, devant un public moyennement captif.
Mais dans la pratique, il y a aussi de très beaux moments, des questions intelligentes, des élèves qui veulent lire tous mes autres livres, des enseignant(e)s archi-impliqués, des jeunes de primaire 5 et 6 qui se pointent en classe avec des bouquins plus épais que le dictionnaire et des applaudissements pour ma pomme.
Alors, la théorie et la pratique se rejoignent parfois et c’est tant mieux. Mais j’aimerais bien que ça arrive plus souvent.
Je trouve toujours que ça vous demande une bonne dose de courage ou de volonté pour faire autant d'animations dans une année.
RépondreSupprimerMais je suis certaine que pour certains jeunes, ces rencontres avec des écrivains sont déterminantes dans leur vie de lecteur.
Alors merci.
Hélène
Je précise que comme ado, la seule rencontre avec un écrivain qu'il y avait eu à mon école a été déterminante pour moi.
RépondreSupprimerEt comme ancienne prof, t'en fais pas : 50%, c'est un taux d'attention et de participation très honorable et les élèves ne distinguent pas davantage leur prof d'un clown, alors... ;)
Merci pour vos encouragements. J'y retourne demain dès l'aube, comme disait Victor.
RépondreSupprimerCe que disent Gen et Hélène est très juste. J'ai été prof/clown (et il faut l'être, un peu clown, si on veut garder leur attention, n'est-ce pas ?) et je suis maintenant écrivain/animateur/conférencier/clown... parce que je passe beaucoup par l'humour pour leur transmettre mes messages sur ma vie d'écrivain. De toute façon, on s'entend pour dire que, quand on regarde nos droits d'auteur, il y a de quoi être humoriste, non ? Hahaha !
RépondreSupprimerYanik Comeau
Cher André,
RépondreSupprimerLe malheur en éducation, c'est que l'apprentissage est intérieur ... Malheureusement, on ne voit pas le produit des efforts du prof-clown et de l'élève désabusé ... Mais quelque part, dans ce monde mystérieux qu'est le cerveau, un bon prof, une direction d'école modèle, un auteur inspirant, une activité proposée, un roman passionnant, tout cela finit par laisser des traces.
Il faut donc avoir l'humilité (et ça c'est difficile)de continuer à semer nos petites roches et espérer que l'élève puisse y retrouver (ou trouver) son chemin.
Parfois, au détour d'une rencontre au centre d'achats ou sur la rue, on se rend compte que pour quelqu'un, nous avons eu un impact ...
Richard, tu as tout à fait raison. C'est juste le quotidien qui me fait douter.
RépondreSupprimerJ'arrive juste de 3 présentations pour des primaires 5 et 6, dans Saint-Michel. Une école fréquentée par beaucoup d'ethnies. Ce fut un régal. Je suis resté 1 h 30 avec le 3e groupe, tellement il y avait de questions. Ils avaient lu un de mes romans, leurs professeures étaient passionnantes. Ça compense pour les autres. C'est vrai aussi qu'il y a toujours cet élève qui avoue vouloir écrire et demande des conseils... Tout n'est pas perdu, mais le doute reste salutaire.
Je suis d'accord avec Richard. J'ai des témoignages de jeunes maintenant devenus adultes qui ont été très touchés par des rencontres d'auteurs qu'ils ont eu à l'école. On s'entend toutefois que "C'est pas cool" de se montrer intéressé à ce genre de recontres quand on a 15 ou 16 ans, mais parfois le jeune qui n'a posé aucune question durant l'animation et qui est sorti sans jeter le moindre regard à l'auteur peut avoir par la suite lu ses livres avec passion.
RépondreSupprimerOn pourra dire que les rencontres qui ont eu lieu à La Sarre ont grandement intéressé au moins un personne : moi ! :)
Sophie
Merci Sophie.
RépondreSupprimerJe reviendrai, alors!