Je suis revenu depuis
plus de deux semaines.
Montréal semble inchangée.
Un embouteillage monstre pour s’extraire de Dorval. La maudite construction. Le
pont Mercier sur une seule voie.
Et puis, je regarde
les visages de mes enfants, de mes amis. Illuminés. Ils nous racontent tout ce
que je croyais déjà connaître.
Chez les plus vieux,
un mot revient sans cesse : respect. Les adultes sont épatés par cette
jeunesse articulée, déterminée, ardente. Ils les ont vus occuper un territoire
qu’on pensait abandonné : celui du progrès. La jeunesse québécoise
impressionne ici, mais aussi dans les médias internationaux. Ça aussi, c’est
nouveau.
Le premier soir, nous
faisons le tour du quartier avec nos casseroles. Nous sommes peu, mais pas les
seuls. Tu aurais vu la semaine dernière ! me répète-t-on.
J’observe les carrés
rouges accrochés aux chandails, aux balcons et aux sacs. Une solidarité
visible, tangible, provocante.
Je manifeste de nuit
avec ma fille. Nous marchons vite au milieu des rues et des Francofolies. On
crie, on siffle, on rigole. C’est de l’énergie au cube.
Je cogne sur des
chaudrons avec ma blonde sur notre balcon à 20 h. On découvre nos voisins, on
se salue d’un coup de cuillère en bois.
Quelque chose a
changé. Il restera forcément des traces de tout cela. On veut y croire, mais notre
gouvernement a bien appris son cours de communication 101. Il martèle le même
message, jour après jour, répétant les mots qui effraient : violence et intimidation.
Comment ne pas se révolter contre ce mensonge dans notre face ?
Il faudrait tout
revoir en profondeur, cesser d’avoir peur. Moi le premier. Devenir solidaires,
transparents, informés. Oser avoir mal. Qui sera prêt à tout transformer ?
Des doigts se lèvent en masse pour se porter volontaire.
Je n’ai rien raté,
puisque ça continue.
Demain, c’est le 22
juin et je participe à ma première grande manifestation. J’ai le trac. Je suis
heureux d’être revenu. L'été commence bien.
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