24 mai 2010

Fils de haine


Le dernier numéro de la revue Moebius est un spécial haine.

Voici comment l’écrivain Laurent Chabin, qui a piloté cet exercice, le présente: «L’homme est une machine à tuer mais, sans la haine, il serait resté algue bleue, mollusque ou coelacanthe. C’est la haine qui fait de lui un animal social, puisqu’il ne s’associe pas pour jouir mais pour enfermer, exclure, détruire. Policé, il camoufle sa haine en indifférence, la dissimule derrière des chiffres: la mort d’un homme, c’est une tragédie; celle de plusieurs millions, c’est des statistiques. Joseph Djougachvili savait de quoi il parlait…

La haine est immense et tentaculaire. Elle s’applique à tous les champs de l’activité humaine – et, n’en déplaise aux amis des animaux, à tous les champs de l’activité animale. Elle mobilise des forces comme aucune autre passion ne sait le faire, elle ne s’essouffle pas, ne connaît pas de repos, ignore le ravage des ans. Elle fait et défait les empires, érige et abat les tours, frappe sans arrière-pensée. La haine peut être aveugle, froide, furieuse. Inventive. Elle a du potentiel. En détruisant, elle permet la renaissance.

La haine est créative.

Enfin, la haine a du style. Pour peu qu’ils sachent la dompter, c’est une bénédiction pour les écrivains. Écrire sur la haine est une chose, bien sûr, mais écrire la haine en est une autre. C’était le défi proposé aux auteurs qui ont participé à ce numéro.»


On trouve dans ce numéro 125 des textes de Mathieu Arsenault, Christine Barbeau, Joëlle Basso, Benoît Bouthillette, Laurent Chabin, Alain Deneault, Mélanie Gélinas, Philippe LaFortune, Léo Lamarche, Isabelle Lauzon, Monique le Maher, Eileen Lohka, André Marois, Roderick McGillis, Isabelle Millaire, Suzanne Myre, Charles-Antoine Régnier, Kiev Renaud, Ian Soliane, France Théorêt, Alain Ulysse Tremblay, Vaire Mine et Michel Vézina. Que du beau monde...


J’y écris Fils de haine, une nouvelle qui fait suite à Vieux con, publiée dans mon recueil 38 morts dont 9 femmes. L’histoire d’un père qui carburait à la haine, et de son fils qui tente de ranimer cette flamme qui s’est éteinte.


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